Le contexte de crise qui marque actuellement les mutations que subit le monde entier est sur le point de chambouler des sociétés entières. La thèse a été soulevée hier à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui abrite le séminaire national sur « les pays d'Afrique du Nord entre ouverture politique et libéralisme économique » organisé par le département des sciences politiques. A cette occasion, plusieurs professeurs des universités d'Alger, Batna, Saïda, Tlemcen et Tizi Ouzou ont présenté des communications sur la réalité des réformes tant politiques qu'économiques qui s'opèrent dans les pays du Maghreb à la faveur de la nouvelle donne mondiale. A cet égard, le Dr Mohamed Reda Mezoui de l'université d'Alger reviendra sur les trois étapes par lesquelles sont passés les pays d'Afrique du Nord dans leur histoire contemporaine. La première consiste en la décolonisation et le renforcement de la souveraineté nationale. Pour lui, «cette étape a été plus longue puisqu'elle s'est poursuivie jusqu'à la chute du mur de Berlin et elle a été caractérisée par une gestion centralisée et le verrouillage de la scène politique. Le but des pays du Maghreb à travers cette démarche est le renforcement de la souveraineté et le raffermissement de l'identité nationale». Vient par la suite la deuxième étape qui est celle du «développement économique et le basculement vers le libéralisme», estime ce professeur qui estime qu'«avec l'avènement de la crise mondiale actuelle la tendance est au renforcement du rôle de l'Etat régulateur». De son côté, le Dr Mustapha Ben Abdelaziz évoquera le lien entre les réformes économiques et celles politiques tout en relevant que l'histoire contemporaine dans le monde a montré que «le développement économique n'a jamais été conditionné par l'ouverture démocratique» en citant les pays du Golfe qui ont des économies puissantes mais le champ politique y est particulièrement verrouillé et le Chili qui «sous Pinochet, a prôné une ouverture économique très large alors que le pays a été soumis à un régime dictatorial». Il regrettera aussi que «pendant les moments de crise c'est le peuple qui récolte les malheurs alors que c'est les capitalistes qui tirent profit pendant les moments d'euphorie sous les régimes libéraux». Sur la même trajectoire, le professeur Habib Hamouche se demandera si le monde ne se dirige pas vers la fin du libéralisme ? Il citera, toutefois, la façon avec laquelle est traitée actuellement la crise mondiale. En citant l'exemple du regain d'intérêt pour le G20, il fera remarquer que le monde est parti pour connaître de nouveaux rapports de force car, «les vingt pays en question contrôlent 90% de l'économie mondiale alors qu'ils représentent à peine 10% du nombre total de pays existant sur la planète». Le professeur Kacher, pour sa part, fera remarquer les appréhensions que les pays du Maghreb ont toujours alimentées face à l'ouverture sur le monde extérieur, notamment lorsqu'il s'agit de réformes politiques. Sur le plan politique, il a été relevé aussi que le recours à la réforme constitutionnelle n'est pas le propre de l'Algérie car le Maroc et la Tunisie ont, eux aussi, procédé à la révision de leurs constitutions respectives à plusieurs reprises depuis le recouvrement de leur souveraineté. Les travaux de ce premier séminaire national sur les défis auxquels sont confrontés les pays nord-africains à travers l'ouverture politique et le libéralisme économique se poursuivront aujourd'hui. M. Amani