Ceux qui ont toujours soutenu que l'éradication du terrorisme ne peut aboutir tant que l'idéologie islamiste demeure ancrée dans la société n'ont plus à justifier leur thèse. En Algérie, l'instauration d'une véritable démocratie demeure et demeurera une illusion face aux préceptes de l'islamisme qui ont la peau dure en dépit des deux décennies de souffrances que l'obscurantisme a infligées à la société entière. Pire, la lutte contre l'idéologie islamiste devient plus difficile dès lors que c'est le système éducatif et le monde universitaire qui en sont rongés. L'exemple a été donné hier par le professeur Nacim Bahloul, enseignant au département des sciences politiques de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, qui, dans une communication qu'il a présentée au séminaire ayant eu pour thème « Les pays nord-africains entre politique de libéralisme économique et ouverture politique », ira jusqu'à défendre que « l'ouverture sur le monde occidental au nom de la démocratie a toujours été une menace pour l'Islam et ses valeurs ». Il alimentera sur sa lancée une critique dure à l'égard des courants qui réclament l'ouverture sur la démocratie et le pluralisme politique estimant que c'est au nom de cette démocratie que les pays nord-africains s'ouvrent davantage sur l'Occident et ceci a eu, comme conséquence, « l'éloignement du droit chemin et de l'Islam ». C'est ainsi que ce professeur, dont la communication a été présentée avec un ton qui rappelle plutôt les prêches des défenseurs de l'islamisme radical, remettra en cause l'ouverture des pays du Maghreb sur le monde extérieur dans un contexte marqué par la disparition quasi réelle des frontières nationales devant l'avancée exacerbée de la mondialisation dans toutes ses dimensions économique, culturelle ou politique. A travers lui, il est aisé de constater que l'université algérienne est, plutôt, un lieu idéal pour enfanter l'idéologie islamiste alors qu'elle est censée être une pépinière pour former de nouvelles compétences capables d'accompagner le processus de modernisation et de réformes que l'Algérie est en train de subir. Pour sa part, D RKaïs Cherif reviendra sur les entraves ayant été posées au pluralisme politique en Algérie en faisant constater un verrouillage caractérisé de la scène nationale durant les huit dernières années. « Depuis 2000, il y a entrave sur la création de partis politiques et d'associations syndicales comparativement à la décennie 1990 », soutiendra-t-il en rappelant que « pas moins de 72 partis politiques ont été agréés avant 2000, alors qu'aucun agrément n'a été délivré de 2000 à 2008, pourtant six demandes d'agrément ont été formulées. » C'est le même climat restrictif dans le monde syndical sachant qu'aucun syndicat n'a été agréé après 2000. Le prolongement dans la durée de l'état d'urgence est présenté comme une entrave au pluralisme démocratique en Algérie à partir du moment où il sert d'alibi pour l'interdiction de manifestations publiques. D'autres professeurs des universités d'Alger, de Tizi Ouzou, de Saïda, de Batna ont présenté des communications où l'accent a été mis sur la tendance au renforcement du rôle de l'Etat dans le contexte actuel marqué par la crise mondiale et la crainte des régimes maghrébins face à leurs élites émergentes.