Rappelant que le continent noir est un "immense gisement de matières premières" et une "source importante de produits de base", le président Bouteflika a estimé que les matières premières et les produits de base "occupent une place importante dans la constitution des PIB, des exportations et des ressources de la majorité des pays africains qui sont, également, importants au regard des processus d'accumulation qui ont permis à d'autres régions du monde de réussir leur processus de développement". A cet effet, il a expliqué que, le "point faible consiste dans le fait que les matières premières africaines sont presque toujours exportées à l'état brut, tandis que pour les produits de base, la faiblesse provient des conditions météorologiques et de leur forte dépendance des marchés internationaux". Le chef de l'Etat a appelé, dans une intervention au sommet France- Afrique qui s'est ouvert, jeudi, à Cannes, consacré au thème "l'Afrique et les matières premières", la communauté internationale à accorder une écoute "plus attentive" aux préoccupations "légitimes" de l'Afrique, affirmant qu'il est "indispensable que les partenaires au développement et la communauté internationale, en général, accordent une écoute plus attentive aux préoccupations légitimes de l'Afrique en ce qui concerne une juste valorisation de ses richesses naturelles". Il a relevé que les statistiques concernant les matières premières et les produits de base "confirment que les revenus provenant des produits primaires représentent plus de 40 % du produit intérieur brut de l'Afrique, alors que dans plus de 20 pays africains, 50 à 90 % des recettes à l'exportation restent tributaires d'un seul produit". Dans ce cadre, il a cité les chiffres disponibles qui montrent, que les produits primaires ont perdu, entre 1997 et 2001, plus de 50 % de leur pouvoir d'achat par rapport aux produits manufacturés et qu'ils sont soumis à une très forte concurrence par l'apparition de nouveaux pôles de production, accentuant ainsi la pression sur les productions des pays africains et réduisant encore davantage leurs revenus. Pour le chef de l'Etat, la grande disponibilité des matières premières, tout autant d'ailleurs que les grands efforts consentis pour améliorer, moderniser et développer les monocultures, n'ont pas empêché notre continent de continuer à être dominé par la pauvreté et le sous-développement chronique. Pour y faire face, Bouteflika estime qu'il est "nécessaire d'introduire plus de coordination dans la mobilisation de nos potentialités économiques, financières et humaines ainsi qu'une plus grande rationalisation des méthodes de gestion et une meilleure utilisation de nos ressources et de nos capacités". En relevant plusieurs facteurs ayant concouru à faire de l'Afrique le seul continent à ne pas pouvoir atteindre les objectifs de développement du Millénaire à l'horizon 2015, il a estimé que le continent africain ne peut en sortir que par une meilleure mise en valeur des matières premières dans ses stratégies nationales et régionales de développement, une plus grande intégration des marchés régionaux, un assainissement véritable de l'environnement et du climat des affaires et un transfert plus substantiel de technologie et de savoir-faire. Pour le chef de l'Etat, il est nécessaire de réduire la vulnérabilité des économies aux fluctuations des cours internationaux des matières premières, de mettre en place des capacités endogènes de transformation et de valorisation des ressources naturelles. D'autre part, il a recommandé la création d'un "environnement institutionnel stable, s'appuyant sur des pratiques de bonne gouvernance, de gestion rationnelle et rigoureuse des affaires publiques, de mise en œuvre des normes et règles universelles de gestion économique". La lutte contre des maux sociaux tels que la corruption et l'introduction d'une plus grande transparence dans la gestion des entreprises et des administrations sont des mesures dont le président de la République a également évoqué, soulignant leur urgence et leur nécessité.