Le monde a "toutes les raisons de craindre" une interaction du virus de la grippe porcine avec d'autres virus dont celui de la grippe aviaire qui pourrait le rendre beaucoup plus dangereux, a prévenu lundi la directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan. Nous avons toutes les raisons de craindre une interaction du nouveau (virus) H1N1 avec d'autres virus, a expliqué le Dr Chan devant l'Assemblée mondiale de l'OMS qui a débuté lundi à Genève au siège des Nations unies."Nous ne devons jamais oublier que le H5N1 est établi dans plusieurs pays. Personne ne peut dire comment le virus de la grippe aviaire se comportera (...) en présence d'un nombre important de personnes contaminées par le nouveau H1N1", a-t-elle ajouté. Le Dr Chan a précisé que l'OMS "maintenait la phase d'alerte 5" signifiant qu'une pandémie du nouveau virus A (H1N1) est "imminente". La dernière phase 6 annoncera la première grande pandémie de grippe atypique du 21ème siècle. Réunis par ailleurs à Helsinki, les experts internationaux n'écartent pas des scénarios très inquiétants. La menace du H1N1 est sérieuse. Le virus a trois options. Soit il pourrait disparaître spontanément, mais je ne suis pas convaincu que cela puisse être le cas. Il pourrait aussi entraîner une pandémie "douce" comme la grippe asiatique de 1957-1958", estime Albert Osterhaus, virologue de l'université de Rotterdam. La grippe asiatique de 1957-1958 avait tué entre 1 et 4 millions de personnes. À titre de comparaison, la grippe saisonnière tue entre 250 000 et 500 000 personnes chaque année. Albert Osterhaus s'exprimait au Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses qui s'est tenu dimanche à Helsinki. C'est lui qui, le premier, avait montré que le virus de la grippe aviaire pouvait se transmettre à l'homme. "Dans un troisième scénario catastrophe, continue le Pr Osterhaus, nous aurions une grave pandémie, similaire à la grippe espagnole, qui pourrait provenir de la mutation du virus." Cette analyse rejoint celle de nombreux spécialistes : en effet, des mutations ponctuelles pourraient aggraver la virulence du virus, sa multiplication cellulaire, voire son adaptation à l'hôte humain, ou provoquer des recombinaisons d'éléments génétiques entiers pouvant aboutir à des transmissions plus faciles et à des symptômes plus graves. Les virologues réunis à Helsinki se sont aussi accordés à conclure que même si un vaccin contre le seul H1N1 peut être produit, son efficacité en cas de modification génétique importante d'ici à novembre prochain pourrait être remise en cause. Conclusion du Dr Osterhaus : "Nous devons améliorer notre capacité de production de vaccins grippaux. Les estimations des doses disponibles actuellement sont de l'ordre du milliard. Mais avec une population de 6,7 milliards d'êtres humains, c'est clairement insuffisant".Dimanche, pour la première fois, le Japon a déclaré 80 cas confirmés et le virus est également présent en Inde et en Turquie. Synthèse Dalila B.