Le sucre fait saliver les spéculateurs. En ces temps amers de récession économique, la douceur du sucre allèche non seulement les acteurs de la filière agroalimentaire à travers le monde, mais aussi les investisseurs qui spéculent sur les matières premières - courtiers, banques et fonds d'investissement.En effet, le sucre, dont le prix a gagné plus de 30% depuis le début de l'année, fait saliver les investisseurs qui parient que l'offre sera largement inférieure à la demande cette année, un spectaculaire retournement de situation après des années de surproduction. Les prévisions de l'Organisation internationale du sucre (ISO) sont pessimistes.Le marché mondial du sucre devrait présenter un déficit de 7,8 millions de tonnes en 2008-2009, a affirmé il y a quelques jours l'ISO dans son rapport trimestriel. Selon ses estimations révisées, la production mondiale de sucre va enregistrer une baisse de 10,7 millions de tonnes en 2008/2009 (octobre-décembre) par rapport à l'année précédente, alors que la consommation a continué à croître, de 1,9% ou 3,1 mt sur un an."Au tout début du cycle actuel de récolte, l'ISO s'attendait à un écart important entre la consommation mondiale et la production, après des années de surplus importants, mais cette troisième révision de l'équilibre du marché sur la période octobre 2008-septembre 2009 prouve que le déséquilibre est bien plus important qu'attendu initialement", écrivent les experts de l'organisation.La raison d'une telle euphorie a un lien direct avec des perspectives d'une forte baisse de l'offre. Laquelle est consécutive en grande partie à la politique agricole de l'Inde. Les cours du sucre ont ainsi atteint cette semaine à New York leur plus haut niveau observé en trois ans. Désormais, les cours du sucre ont franchi le seuil de 16 cents la livre à New York, une première depuis l'été 2006 ! Pour tenter de faire face à la situation (d'exportatrice, l'Inde était en passe de devenir importatrice), New Dehli a supprimé les droits d'importation. Des mesures interprétées par les marchés comme une preuve tangible d'une réelle pénurie de nature à faire grimper les cours. Un bonheur n'arrivant jamais seul, les cours du sucre ont également profité, ces derniers jours, de la hausse observée sur les marchés pétroliers, le prix du baril ayant franchi le seuil de 60 dollars cette semaine. Rappelons que toute augmentation du prix du pétrole favorise le recours à la canne à sucre en tant que biocarburant, réduisant d'autant les quantités disponibles pour la production de sucre. Autrement dit, les prix du sucre risquent de grimper davantage. L'on s'interroge ainsi sur les répercussions d'une telle situation sur le marché algérien, d'autant plus que la conjoncture est favorable pour la spéculation à l'approche du mois de Ramadhan. Une période où la demande en sucre augmente. L'on se souvient des flambée ayant touché le sucre en 2006 et en 2008 . Le kilogramme de sucre valait 70, voire 80 DA. L'envolée du prix était justifiée par la flambée des cours sur le marché international. Dalila B