Le marché mondial du sucre a eu le vent en poupe cette semaine, différents facteurs contribuant à son envolée. Parmi eux l'anticipation d'une baisse notable de l'offre et des volumes d'importations record en provenance de l'Inde. Son cours a même atteint des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis près de trois ans. A Londres, le contrat pour livraison en août a atteint mercredi jusqu'à 465,20 livres, son meilleur niveau en près de trois ans. A New York, les prix pour échéance septembre se sont envolés quant à eux à 18,24 cents la livre. La production indienne pour l'année 2009-2010 est actuellement l'objet de toutes les attentions, toute éventuelle pénurie de sucre en Inde devant être compensée par des importations. Une situation de nature à soutenir les cours mondiaux. Rappelons qu'il y a quelques mois à peine, les paysans indiens ont massivement délaissé la culture de canne, poussés cela par le faible niveau des cours et les incitations gouvernementales visant à produire des céréales pour faire face à la pénurie de farine en Inde. La réponse sur le marché du sucre ne s'est pas faite attendre : en trois mois - de janvier à mars - le cours de la livre de sucre brut à New York s'est littéralement envolé. Pour tenter de faire face à la situation ( d'exportatrice, l'Inde était en passe de devenir importatrice ), New Dehli a supprimé les droits d'importation. Des mesures interprétées par les marchés comme une preuve tangible d'une réelle pénurie .... de nature à faire grimper les cours. A la mi-mai, les cours du sucre avaient franchi le seuil de 16 cents la livre à New York, une première depuis l'été 2006 ! Les fonds d'investissement semblent en effet se ruer vers ce nouvel or blanc, les craintes d'une raréfaction de l'offre faisant grimper les prix. Certains analystes n'hésitent pas à affirmer que la tendance à la hausse pourrait perdurer. Ils estiment ainsi que les prix devraient s'enflammer au dernier trimestre 2009 et au premier trimestre 2010, lorsque les importateurs essentiels auront besoin de s'approvisionner. Selon les premiers calculs, le déficit mondial pourrait être de 8, 9 millions de tonnes en 2008/2009 et de 4,2 mt en 2009/2010. Selon la revue mensuelle de mai de la maison de courtage Czarnikow , la production mondiale de sucre devrait chuter de 20 millions de tonnes en 2008/2009. Constituant ainsi la chute la plus forte chute jamais enregistrée. Pas d'amélioration à prévoir à court terme puisque le déficit devrait perdurer l'année suivante. Il faut dire que le sucre fait saliver les spéculateurs. En ces temps amers de récession économique, la douceur du sucre allèche non seulement les acteurs de la filière agroalimentaire à travers le monde, mais aussi les investisseurs qui spéculent sur les matières premières - courtiers, banques et fonds d'investissement. Une chose est sûre en tout cas, les répercussions d'une telle situation sur le marché algérien ne vont pas tarder à se manifester d'autant plus que la conjoncture est favorable pour la spéculation à l'approche du mois de Ramadhan. Une période où la demande nationale en sucre augmente. L'on se souvient des flambées ayant touché le sucre en 2006 et en 2008 . Le prix du kilogramme de sucre avait atteint les 80 DA voire plus. L'envolée du prix était justifiée à l'époque par la flambée des cours sur le marché international. Autrement dit, le même scénario risque malheureusement de se reproduire! Dalila B.