Après la pluie , le beau temps sinon après l'euphorie, la gueule de bois. En quelques jours seulement le prix du sucre a chuté. Qui l'aurait imaginé . La dégringolade des cours du sucre s'est accélérée . Une chute spectaculaire depuis une semaine. Cette semaine, le sucre blanc livrable en mai ne valait plus que 528 dollars la tonne à Londres, contre son record de 767 dollars fin janvier. Quant au sucre brut, il fondait bien en dessous du seuil symbolique des 20 cents la livre à New York, alors qu'il avait atteint 30 cents 40 début février, un niveau inégalé depuis janvier 1981! Moins 5% en une journée, moins 30 à 40% en deux semaines. Le sucre subit la plus forte chute du CRB, l'indice de référence des matières premières. Mais que s'est-il donc passé après la hausse vertigineuse des mois passés ? Les stocks mondiaux sont pourtant toujours aussi bas, du fait d'une très mauvaise récolte de canne à sucre au Brésil et en Inde, les deux premiers producteurs mondiaux. L'Inde, qui n'a produit que 14 millions de tonnes en 2008-2009, se voit même contrainte d'importer 6 millions de tonnes de sucre blanc, cette année. Le Pakistan, le Bangladesh, l'Iran, sont également aux achats. Sans compter les autres importateurs traditionnels d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Asie et la Russie qui vont fatalement se tourner vers le marché mondial. Cette tension entre une offre restreinte et la demande en hausse, qui a fait grimper les cours jusqu'à présent, est toujours d'actualité. Mais il a suffi d'un chiffre en provenance de l'Inde pour inverser brutalement la tendance des cours : selon les producteurs indiens de sucre, la récolte 2009-2010 serait un peu moins mauvaise que prévu, et la prochaine campagne indienne, qui commencera en octobre, s'annonce très bonne. Cette perspective a érodé la confiance qu'avaient les investisseurs, mais aussi les traders, dans le sucre à long terme. Vendant leurs contrats, ils ont entraîné la chute des prix que l'on constate depuis un peu plus d'une semaine. Un mouvement purement spéculatif, donc, mais qui commence à avoir un impact sur le marché physique, avec les premières annulations de transactions de la part des acheteurs. L'Inde aurait ainsi reporté l'acquisition de 100 000 tonnes de sucre blanc. Quant aux confiseurs et aux fabricants de boissons, ils retardent leurs achats. Tous les acteurs du marché sucrier attendent l'arrivée imminente du sucre brésilien, mais la récolte de la canne qui, normalement, bat son plein à cette période de l'année, a pris du retard, du fait des pluies. Les cours du sucres continueront encore à jouer au yoyo. Le comble dans cette histoire c'est que , les stocks mondiaux de sucre sont toujours au plus bas. Situation paradoxale induite par la spéculation. C'est la magie des produits boursiers !