Benjamin Netanyahu a bravé Barack Obama en refusant le gel total des activités de colonisation, réclamé par le président américain au Premier ministre israélien lors de leur première rencontre lundi dernier à Washington. En présence de son interlocuteur, le chef de la Maison blanche avait rappelé que la "feuille de route" internationale pour la paix de 2003 faisait obligation à l'Etat juif, qui l'a acceptée, de stopper toutes les activités de colonisation dans les territoires palestiniens. "Nous n'avons pas l'intention de construire de nouvelles implantations, mais il ne serait pas équitable d'interdire les constructions répondant aux besoins d'expansion naturelle (de celles qui existent) et de bannir purement et simplement toute construction", a dit Netanyahu. Le chef du Likoud a tenu ces propos, véritable camouflet pour Obama, lors de la réunion hebdomadaire de son gouvernement de coalition, mis sur pied en mars grâce au concours des petits partis d'extrême droite ou ultra-orthodoxes. Obama, qui doit recevoir à son tour la semaine prochaine à Washington le président palestinien Mahmoud Abbas, prévoit de prononcer le 4 juin au Caire un grand discours fondateur sur sa vision d'un règlement du conflit du Proche-Orient. Le chef de la Maison blanche a promis avant son élection, et confirmé depuis, qu'il entendait s'attaquer au dossier "vigoureusement" - contrairement à son prédécesseur George Bush - et il prône avec insistance une solution "à deux Etats", que Netanyahu refuse de reprendre à son compte. Abbas considère que la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est constitue un obstacle au processus de paix, qu'il refuse de reprendre si le nouveau gouvernement israélien ne s'engage pas en faveur du principe d'un Etat palestinien indépendant et souverain. "Ce qui nous intéresse, c'est de voir Israël se conformer à ses obligations en vertu de la feuille de route, ce qui implique la cessation des activités de colonisation et de leur expansion sous toutes les formes", a déclaré le ministre palestinien des Travaux publics et du bâtiment Mohammed Shatayyeh, en réaction aux propos de Netanyahu. Il a invité le gouvernement israélien à manifester sa volonté de paix en interrompant les livraisons et le financement des colonies. Un demi-million de colons juifs vivent au beau milieu de trois millions de Palestiniens dans une centaine d'implantations jugées illégales par la Cour internationale de justice mais dont Israël considère l'expansion démographique "naturelle". On ignore le degré de pression qu'Obama, qui a surpris le gouvernement Netanyahu par son activisme nouveau sur cette question, est prêt à exercer sur le gouvernement israélien pour obtenir un gel total et immédiat de la colonisation, y compris des constructions dans les colonies existantes. Mark Regev, porte-parole de Netanyahu, a reporté toute discussion sur le sort des colonies à de future négociations avec les Palestiniens. "Durant la période intérimaire, nous devons permettre qu'une vie normale se poursuive dans ces communautés". Netanyahu exclut pour le moment de discuter, comme son prédécesseur Ehud Olmert, des questions territoriales avec les Palestiniens. Il s'est réservé dimanche le droit de continuer à construire dans le secteur de Jérusalem-Est. Quatre jours plus tôt il avait affirmé qu'Israël ne restituerait jamais la partie orientale et arabe de Jérusalem conquise en 1967, site de lieux saints sacrés aux yeux de trois religions du Livre, et que les Palestiniens revendiquent comme la capitale de leur futur Etat indépendant. Le gouvernement Netanyahu entendrait, pour atténuer aux pressions américaines, éradiquer les colonies "sauvages", au nombre de plus d'une vingtaine, construites sans l'autorisation des autorités et jusqu'à présent largement tolérées. La police israélienne a ainsi détruit jeudi à la pelleteuse un de ces "avant-postes", composé de cabines métalliques abritant une trentaine de personnes, au sommet de la colline baptisée Maoz Esther, à environ 300 mètres de la colonie de Kokhav Hashahar, au nord-est de Ramallah. Pour Yariv Oppenheimer, porte-parole du mouvement pacifiste israélien La Paix maintenant, cette évacuation n'a été qu'un "exercice de relations publiques". "Agir contre ces avant-postes est relativement facile par rapport au gel des grandes colonies" réclamé par Obama mais qu'Israël entend conserver aux termes d'un futur accord de paix, conformément à un engagement qu'Olmert aurait obtenu par écrit de George Bush, fait-on valoir de source autorisée.Depuis jeudi, des colons sont revenus sur le site de Maoz Esther mais, avant la réunion du gouvernement, le ministre de la Défense Ehud Barak a assuré que le gouvernement était décidé à chasser les occupants de toutes ces colonies sauvages de gré ou de force. Il n'a toutefois pas dit dans quel délai.