La crise économique mondiale a mis à nu les limites de l'économie libérale. Si la crise a plongé de nombreux pays dans la précarité, elle a été salvatrice dans la mesure où elle a permis une certaine prise de conscience : l'Etat ne peut en aucun cas se retirer entièrement de la sphère économique et laisser libre cours au marché pour s'autoréguler. L'Algérie n'échappe pas à cette réalité. D'où une nouvelle réorientation de politique économique inaugurée par le discours du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, devant les élus en août 2008 et ayant pris forme avec les instructions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à propos de la gestion des investissements étrangers. Les réorientations ont été cataloguées sous le terme générique de patriotisme économique, donnant la primauté à l'intervention de l'Etat et favorisant l'actionnariat majoritaire dans tout projet d'investissement ou dans toute opération de privatisation. Il est donc clair que l'Etat renforce son champ d'intervention dans les divers domaines d'activité pour renforcer le développement de la croissance économique du pays, et cela en se basant sur l'industrie nationale à savoir la promotion et la relance de l'investissement public dans le secteur industriel. C'est du moins ce qu'a laissé entendre M. Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, lors d'une réunion de coordination des Sociétés de gestion des participations de l'Etat concernées par le développement industriel, tenue, hier, au niveau du site Sider. Le ministre a, dans son intervention, énuméré les secteurs d'activité industrielle profitables à l'Algérie, comme la pétrochimie, l'industrie mécanique et la sidérurgie. Selon M. Temmar, pour qui son département a étudié les plans et programmes appliqués par certains pays en voie de développement et ayant des spécificités proches de la structure économique de l'Algérie comme la Tunisie, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, le Venezuela et la Turquie, l'Etat focalise notamment sur l'industrie du ciment et les produits pharmaceutiques pour le redéploiement et la structuration du secteur public commercial. Il a, d'ailleurs, évoqué la mise en place d'un système de gestion des participations par rapport aux nouvelles donnes de l'économie mondiale, autrement dit face à la crise. Le rôle de l'Etat est fondamental, selon M. Temmar, il s'exprime à travers la régulation, les dépenses de l'Etat dans notamment le secteur des travaux publics et l'éducation. L'Etat peut intervenir dans la production afin de pousser la croissance économique. Chose qui n'est pas en contradiction avec les traditions libérales en matière économique. Selon M. Temmar, la Banque mondiale accepte désormais que l'Etat interviennent dans la production, ce qui veut dire que l'Etat sera de plus en plus présent pour donner un élan à la production. Pour ce qui est du cas de l'Algérie, le ministre a estimé que l'intervention de l'Etat a été salutaire pour de nombreux secteurs, notamment dans l'agriculture où les efforts déployés commencent d'ores et déjà à donner leurs fruits, et il en sera de même pour le secteur du tourisme et de la pêche. Cette intervention devrait aussi être salvatrice pour l'industrie nationale, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie industrielle. Pour le premier responsable du secteur, l'intervention de l'Etat dans le domaine industriel aura pour finalité de soutenir une croissance réelle et durable. Il a noté que l'essentiel des activités industrielles se trouve dans le secteur public qui doit être développé à travers l'ouverture des entreprises à des partenaires. Il a d'ailleurs précisé, à ce propos, que "l'Etat a déjà engagé un processus de restructuration dans ce sens". Dans ce même sillage, il a cité les SGP qui relèvent désormais des ministères concernés par leurs secteurs d'activité. Il a également mis en avant le fait que le président de l'assemblée générale qui n'est autre que le ministre du secteur a un droit de regard direct sur les activités des SGP sous sa tutelle. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a également mis en avant la problématique de la mise à niveau qui devra être, selon lui, une des priorités des SGP. Cette mise à niveau, selon le ministre, peut passer par une réhabilitation et une ouverture de capital dans le seul objectif d'assurer la croissance économique. Le ministre indiquera également que les pouvoirs publics sont tous disposés à assister les entreprises dans la réhabilitation et la modernisation de leur outil de production. Autrement dit, M. Temmar continue de faire la promotion du processus de privatisation enclenché par son département, puisqu'il estime que sur le plan économique, "la privatisation des entreprises a permis la sauvegarde de la capacité de production, des ressources humaines, du transfert de technologie aux entreprises concernées". Nassima Bensalem