Que se passe-t-il dans les relations algéro-européennes ? Le report inattendu de la première session du Conseil d'association Algérie-UE, qui était programmée pour aujourd'hui à Bruxelles, n'est pas moins dans le cas de susciter les plus folles interrogations. Ainsi que rapporté dans l'édition d'El Watan hier, ce report de la première rencontre entre les deux partenaires a été décidé à la demande de l'Algérie. La diplomatie algérienne a motivé sa demande par le fait que les travaux de préparation de ce rendez-vous, pourtant important, n'ont pas été menés par la partie européenne. Ainsi, a-t-on considéré que la première session du Conseil d'association, un instrument prévu par l'accord d'association, n'a pas été préparée par la partie européenne du fait que nombre de documents de travail n'étaient pas encore finalisés. Au ministère des Affaires étrangères, on considère qu'« à quelques jours de cette réunion, le document n'était pas encore prêt ». Le document dont il s'agit n'est nul autre que le règlement intérieur du Conseil. Mais pas seulement, puisque le travail de préparation devait également concerner d'autres points qui , selon la diplomatie algérienne, n'ont pas été pris en charge. Il en est ainsi du protocole additionnel à l'accord d'association avec l'UE qui, après son élargissement à 25 membres, devait prendre en charge les 10 nouveaux pays membres dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne. Comme aussi de l'installation des comités sectoriels qui doivent se pencher sur des questions techniques touchant aux divers secteurs d'activité, notamment économique. Le dernier point en fin cité par la diplomatie algérienne, - celui-ci peut-être autrement plus significatif de l'état des relations entre l'Algérie et son partenaire dit stratégique, l'Union européenne - a trait à la composition de ce Conseil. Là encore, la partie algérienne a affirmé : « A quelques jours de la réunion, nous n'avons aucun nom. » Les noms sont ceux des ministres des Affaires étrangères des 25 pays membres de l'UE devant siéger au sein du Conseil d'association. Hormis Benita Ferrero-Waldner, la Commissaire européenne pour les relations extérieures, Solana chargé des questions de sécurité, selon la partie algérienne, était lui-même « hésitant ». Aucun ministre des Affaires étrangères ne s'est manifesté, affirme-t-on au ministère des AE . Ainsi l'état des relations entre l'Algérie et l'UE se nourrit-il d'interrogations comme par exemple : pourquoi dans ces conditions la partie européenne n'a-t-elle pas associé son partenaire l'Algérie à la nature de ces travaux qui ont traîné en longueur ? Au-delà de l'aspect technique qui aurait pu mener au report de ce rendez-vous algéro-européen, y a-t-il de l'eau dans le gaz de la diplomatie entre les deux parties ? La question est d'autant plus légitime que la réussite du rendez-vous est perçue par l'Algérie tel « un point de départ de notre association avec l'Union européenne ». Cette observation, pour généraliste quelle puisse être, n'est pas moins dans le cas de donner pourtant toute la mesure sur la mise en œuvre de l'accord d'association qui, pour rappel, a pris effet en septembre 2005. Y a-t-il lieu de comprendre ce faisant que l'accord en question est au point mort, tant que le Conseil d'association n'est pas fonctionnel ? Il est à noter enfin que l'Algérie a demandé à ce que la commission européenne, à qui on reproche un manquement flagrant par rapport à ses engagements contenus dans l'accord, « reprogramme » la réunion de ce Conseil d'ici la fin du mois de juin prochain, et ce, durant la présidence autrichienne. « Je partage avec vous le souci que cet événement important dans la relance de nos relations bilatérales reçoive toute l'attention et le soin nécessaire quant à sa préparation », peut-on lire dans la lettre, datée le 17 mars 2006, adressée par Benita Ferrero-Waldner au ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Par ailleurs, sur le registre commercial, il y a lieu de remarquer que l'augmentation des échanges entre les deux parties n'a pas eu lieu durant les quatre premiers mois de l'entrée en vigueur de l'accord avec l'EU. Selon les statistiques des échanges extérieurs de l'Algérie relatives à l'accord d'association avec l'UE durant la période de mise en œuvre en 2005 par rapport à la même période de l'année 2004, les importations algériennes d'origine européenne ont enregistré une diminution de 15%, alors que les exportations hors hydrocarbures vers le même espace économique ont régressé de 6%. En termes de valeurs, les mêmes statistiques, fournies par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), montrent en effet que durant les quatre premiers mois suivant l'entrée en vigueur de l'accord d'association Algérie-UE, la valeur totale des importations d'origine UE a été de 3,01 milliards de dollars contre 3,5 milliards de dollars enregistrés durant les quatre derniers mois de l'année 2004.