La crise financière mondiale suscite encore les pronostics et les analyses de toutes parts. En effet, un rapport intitulé «Financement du développement à l'échelle mondiale 2009 : tracer la voie de la reprise mondiale », publié à l'occasion d'une conférence sur l'économie du développement, qui s'est tenue à Séoul, les prévisions de la Banque mondiale augurent un tarissement du flux des capitaux privés à destination des pays en développement. A ce titre, après une année record, en 2007, avec 1 200 milliards de dollars, les flux nets de capitaux privés vers ces pays sont tombés à 707 milliards de dollars en 2008. En 2009, ils devraient atteindre 363 milliards de dollars, soit une chute de 49 %. Selon les analystes de la Banque mondiale, cette baisse spectaculaire s'explique par «un effondrement du financement des entreprises, maintenant que les grandes sociétés et les banques qui finançaient leur croissance sont en détresse». Pour Mansoor Dailami, responsable des finances internationales au sein du groupe des perspectives de la Banque mondiale, «un grand nombre d'entreprises auront de la difficulté à couvrir leurs dettes libellées en devises étrangères avec des revenus libellés dans leur devise intérieure dépréciée, d'autant plus qu'au même moment la demande pour leurs exportations a chuté». Pour ce qui est de région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le rapport observe que cette région du globe a été moins affecté que les autres par le resserrement du crédit, mais les marchés boursiers et immobiliers y subissent de fortes pressions et les pays en développement de la région ont souffert de la dégradation des conditions dans les pays à revenu élevé de la région. Les envois de fonds, les exportations de services et les flux d'investissements étrangers directs en provenance de ces pays et des pays européens à revenu élevé devraient diminuer en 2009, réduisant ainsi les revenus. S'agissant de l'Afrique subsaharienne, celle-ci a été durement touchée par une diminution de la demande extérieure, un effondrement des prix des exportations, une baisse des envois de fonds et des recettes touristiques et une importante diminution des flux de capitaux, en particulier les investissements directs étrangers, note le rapport. A ce titre, une importante diminution des envois de fonds et de l'aide représente un risque pour la région, puisque bon nombre de pays de l'Afrique subsaharienne dépendent des flux d'aide pour leur budget et que les envois de fonds représentent un coussin essentiel contre la pauvreté. L'institution prévoit également un recul de 9,7% du volume du commerce mondial cette année, avant une reprise de 3,8% l'année prochaine. «La nécessité de restructurer le système bancaire, s'ajoutant aux limites des politiques expansionnistes des pays à revenu élevé qui se font jour, empêchera un rebond mondial de grande ampleur», a affirmé dans un communiqué l'économiste en chef de la Banque mondiale, Justin Lin. A ce propos, l'institution recommande «une attention toute particulière» pour «les risques de crise de balance de paiements et de restructuration de la dette dans bon nombre de pays», voulant «éviter une autre crise de l'endettement comme celles vécues dans les années 1970 et 1980». C'est particulièrement le cas pour les pays en développement d'Europe et d'Asie centrale, où le PIB devrait chuter de 4,7% cette année, avant de rebondir légèrement en 2010 (+1,6%). L'autre région où le PIB reculerait en 2009 avant de repartir en 2010, c'est le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (+3,1% puis +3,8%) et l'Afrique subsaharienne (+1,0% puis +3,7%) qui maintiendraient une croissance. Face à cette croissance relativement faible, «pour prévenir une deuxième vague d'instabilité, les politiques doivent être rapidement axées sur une réforme du secteur financier et sur l'aide accordée aux pays les plus pauvres», a souligné le directeur du groupe des perspectives de la Banque mondiale, Hans Timmer. Yazid Idir