Le président russe Dmitri Medvedev a achevé une tournée de quatre jours en Afrique qui l'a mené en Egypte, au Nigeria, en Namibie et en Angola. La tournée a été marquée par la signature d'une série de documents qui vont d'un pacte de coopération stratégique aux contrats énergétiques. La visite de Medvedev, la seconde d'un président russe en Afrique subsaharienne, a envoyé un message au monde que la Russie fait des efforts pour retrouver son influence d'avant la chute de l'Union soviétique sur le continent riche en ressources. Medvedev, accompagné d'une délégation d'officiels et d'hommes d'affaires, semble avoir focalisé son voyage sur le soutien aux firmes russes devancées par leurs paires occidentales dans la poursuite d'une plus grande présence dans l'exploitation des ressources naturelles que regorge le continent. L'Egypte, la première étape du voyage de Medvedev, est le plus grand partenaire commercial de la Russie sur les quatre pays qu'il a visités. Le volume commercial entre les deux pays s'est chiffré à 1,7 milliards de dollars américains l'année dernière, et le nombre de touristes russes s'étant rendus en Egypte a atteint 1,8 millions en 2008, selon le Kremlin. Au cours de sa visite au Caire, Medvedev et son homologue égyptien Hosni Moubarak ont signé un traité de partenariat stratégique qui spécifie les principaux secteurs de la coopération bilatérale, y compris une future zone de libre échange entre les deux pays. Le président russe a aussi appelé à l'élargissement des liens commerciaux, estimant que les projets dans le domaine de l'énergie, des industries de haute technologie et de l'espace sont prometteurs. La coopération dans le secteur de l'énergie a figuré en première place sur l'agenda de Medvedev au Nigeria puisque Gazprom, qui détient le monopole sur le gaz en Russie, a été choisi comme un investisseur clé dans l'exploration des réserves gazières du pays africain. Gazprom et la Nigerian National Petroleum Corporation ont signé des documents sur la création d'une joint-venture. Boris Ivanov, chef de Gazprom International, a indiqué que l'entreprise investira jusqu'à 400 milliards de dollars dans la construction d'un oléoduc de 360km partant du sud du Delta du Niger pour le nord du Nigeria. Les travaux démarreront l'année prochaine. "Gazprom souhaite encore acheter tout le gaz produit autour de l'Europe et le revendre à ses propres termes," a indiqué Mikhail Korchemkin, chef de l'Analyse gazière de l'Europe de l'Est, un cabinet-conseil basé aux Etats-Unis. Dans une démarche visant à stimuler l'investissement russe en Namibie, Gazprombank a signé un contrat avec la compagnie nationale pétrolière Namcor, promettant de financer la construction d'une centrale gazière qui pourrait permettre l'exportation de l'électricité vers l'Afrique du Sud. L'Agence des industries de pêche russes et le ministère namibien des Pêches et des Ressources maritimes ont aussi signé un protocole d'accord, qui stipule que les pêcheurs russes pourraient être autorisés à pêcher au large de la Namibie, l'un des plus grands exportateurs de poissons en Afrique. La dernière étape de la tournée de Medvedev a été l'Angola, qui assure actuellement la présidence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La compagnie russe qui détient le monopole sur le diamant, Alrosa, a déjà ouvert une filliale à Luanda, la capitale angolaise. En plus de l'exploitation du diamant, Medvedev a promis d'aider à la modernisation des industries angolaises, notamment le secteur des télécommunications, et le lancement du satellite angolais des télécoms appelé "AngoSat." Quoique la tournée de Medvedev ait peut-être été dominée par un désir de stimuler les liens économiques, l'importance politique de la visite ne devrait pas être négligée. La visite survient peu après celle du président américain Barack Obama en Egypte. Obama a prononcé un important discours à l'Université du Caire au cours de son voyage et a juré de trouver une solution juste au conflit israélo-palestinien. Le voyage de Medvedev en Egypte est "extrêmement opportun", a affirmé le journal The Moscou Times en citant Yevgeni Stanovski, directeur de l'Institut des Etudes du Moyen-Orient. Medvedev et Moubarak ont discuté "pendant un bon bout" des conflits au Moyen-Orient, en particulier de la proposition russe d'une conférence de paix devant se tenir à Moscou d'ici la fin de cette année. "La Russie donne le meilleur d'elle-même pour reprendre les discussions de paix au Moyen-Orient sur la base d'une solution à deux Etats et le gel des colonies," a indiqué Medvedev à l'issue des discussions avec Moubarak, qui a fait l'éloge de la Russie comme étant "l'un des plus grands pays dans le monde et (qui) a une influence sur le processus de paix au Moyen-Orient." La Russie fait partie du Quartette international pour le Moyen- Orient. Le Quartette, qui regroupe aussi les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies, a approuvé la feuille de route appelant Israël et les Palestiniens à prendre une série de mesures qui conduiront au futur Etat palestinien. Entre temps, Medvedev, lors de sa première visite au siège de la Ligue arabe au Caire, a indiqué avoir invité tous les pays arabes à la conférence internationale de paix à Moscou. "Une sécurité durable ne peut pas être réalisée au Moyen-Orient sans un compromis juste et global dans le conflit arabo-israélien, " a indiqué Medvedev. "Ce compromis global doit s'achever par la création du futur Etat palestinien vivant en paix avec toutes les nations dans la région y compris Israël, avec sa capitale à Jerusalem-Est," a-t-il insisté. Medvedev a proposé en janvier la tenue d'une conférence de paix sur le Moyen-Orient à Moscou au premier semestre 2009.