Le chômage dans la zone euro atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans, avec un taux de 9,5 % au mois de mai, selon des chiffres publiés par Eurostat hier. Pour l'heure, les politiques d'emploi mises en place par les gouvernements restent d'une efficacité limitée. Le taux de chômage de la zone euro continue de grimper. Il est passé de 9,3 % en avril à 9,5 % en mai pour atteindre son niveau le plus élevé depuis mai 1999, selon les statistiques mensuelles publiées par Eurostat hier. La tendance est la même dans les vingt-sept pays de l'Union européenne, avec un taux qui est passé de 8,7 % à 8,9 % en mai. Selon les estimations d'Eurostat, l'Union européenne comptait 21,462 millions de chômeurs en mai, dont 15,013 dans la zone euro. Au même mois de l'année dernière, le taux de chômage pour la zone euro était de 7,4 % et celui des Vingt-Sept de 6,8 %. Pic prévu en 2010 " Ce qu'on observe était attendu et c'est un processus qui va continuer dans les mois à venir ", affirme Cédric Thellier, économiste chez Natixis. Selon les projections de ce dernier, le taux de chômage devrait continuer sa progression pour s'élever à 11 % fin 2009, avant d'atteindre un pic de 12 % en 2010, en raison notamment du décalage entre la baisse d'activité économique et ses effets sur l'emploi. Pour l'heure, les politiques d'emploi mises en place par les gouvernements restent d'une efficacité limitée. Cependant Clemente de Lucia, économiste chez BNP Paribas, est optimiste par rapport à la reprise. Il estime que "la décrue du chômage pourrait être plus efficace grâce aux politiques de flexibilité introduites au cours des années 1990”. Et si certains pays semblent esquiver la crise, les experts considèrent que, pour eux, le pire est à venir. Les plus faibles hausses du taux de chômage sont observées en Allemagne, avec un taux qui a crû de 0,3 point pour arriver à 7,7 % et aux Pays-Bas, où il a augmenté 0,4 point, à 3,2 %, entre avril et mai. "Les structures des économies en Allemagne et aux Pays-Bas ont permis à ces pays de subir de faibles baisses de l'emploi jusque-là. Cependant, le taux de chômage en Allemagne devrait bondir aux environs de 11 % fin 2010, et celui des Pays-Bas autour de 9 %, selon nos estimations ", constate Clemente de Lucia. En effet, les différents secteurs économiques ont subi la crise de façon décalée. Alors que la construction immobilière et les services financiers ont été frappés de plein fouet dès le début, la demande pour des produits manufacturés a résisté plus longtemps avant de chuter, en créant un retard des effets de la crise dans certains pays européens. Les pays plus touchés par le chômage en Europe sont l'Espagne, avec un taux de 18,6 % (voir ci-dessous), la Lettonie et l'Estonie. Les pays Baltes, dont la croissance s'est effondrée depuis le début de la crise, payent en effet un lourd tribut social. Sur un an, l'Estonie a vu son taux de chômage grimper de 3,9 % à 15,6 %, la Lettonie de 6,1 % à 16,3 % et la Lituanie de 4,7 % à 14,3 %.