Une campagne internationale d'urgence face au criquet nomade menée en Afrique de l'Est et méridionale est parvenue à éviter un drame dû à une recrudescence massive de criquets en Tanzanie, a annoncé la FAO.C'est la première fois que l'on a recours aux bio-pesticides contre les criquets sur une si vaste échelle en Afrique.L'intervention rapide a réduit de manière significative les infestations de criquets nomades, empêchant de ce fait une invasion en bonne et due forme, qui aurait pu avoir une incidence dramatique sur les cultures vivrières dont se nourrissent quelque 15 millions de personnes dans la région. La FAO a organisé et coordonné la campagne avec l'Organisation internationale de l'Afrique centrale et méridionale contre le criquet nomade. Les moyens de lutte aérien et terrestre vont se poursuivre au cours des prochaines semaines au Malawi, Mozambique, Tanzanie et Zambie, jusqu'à ce que la menace du criquet soit complètement écartée. " Sans cette intervention-éclair, impliquant les pays touchés et la communauté internationale, la région Afrique centrale et méridionale aurait pu se retrouver confrontée à une situation catastrophique due aux criquets nomades et qui aurait mis en péril la production agricole et vivrière de millions de paysans pauvres ", affirme Modibo Traoré, Sous-directeur général de la FAO chargé du Département de l'agriculture. Des prospections menées au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie et au Zimbabwe par l'Organisation internationale de l'Afrique centrale et méridionale contre le criquet nomade et les ministères de l'Agriculture ont révélé des infestations inquiétantes de criquets nomades, particulièrement en Tanzanie. Les pays touchés ont lancé un appel d'urgence à la FAO pour leur prodiguer assistance étant donné qu'ils ne disposent ni des ressources suffisantes ni d'équipements nécessaires pour faire face immédiatement aux infestations de grande échelle de criquets dans des régions qui sont difficiles d'accès. La Tanzanie est l'un des premiers pays en danger car sur les huit régions reconnues comme foyers de criquets nomades quatre se trouvent dans ce pays. Si des moyens de lutte adéquats ne sont pas entrepris à temps, les essaims de criquet nomade peuvent survoler de larges étendues de terres cultivables et parcourir 20 à 30 kilomètres par jour dévastant ainsi les champs de céréales, de cannes à sucre, de coton et de légumineuses ainsi que les vergers d'agrumes et de fruits plantés le plus souvent par des paysans pauvres. En 24 heures, un ailé consomme l'équivalent de son propre poids - environ 2 grammes - en nourriture fraîche. Une petite fraction d'un essaim moyen (soit environ une tonne de criquets) mange en un jour autant que 2 500 personnes environ. Les opérations de lutte contre le criquet nomade en Tanzanie se sont concentrées principalement sur trois zones: le parc national Iku-Katavi, les plaines du lac Rukwa et le bassin de la rivière Malagarasi. Dans le souci de protéger la grande faune sauvage peuplant les terres humides du parc national Iku-Katavi, notamment les éléphants, les hippopotames et les girafes, la FAO a fait usage du biopesticide Green Muscle® pour traiter quelque 10 000 hectares infestés par des ailés. D'autre part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a organisé le transport par avion des pesticides conventionnels du Mali vers la Tanzanie , qui ont permis de traiter quelque 4 500 hectares dans la région de Rukwa et Malagrassi. Il s'agissait de pesticides en surplus qui n'avaient pas été utilisés lors de campagnes antiacridiennes précédentes. Dalila B.