L'Algérie accueille durant quatre jours, du 2 au 5 avril, la 10e Conférence sur le négoce et le financement du pétrole et du gaz en Afrique.Les précédentes éditions organisées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ont eu lieu au Mozambique (2005), Maroc (2004), Angola (2003), Cameroun (2002), Ghana (2000), Namibie (1999), Côte d'Ivoire ( 1998) et au Zimbabwe (1997 et 1996). De quoi peut-on discuter lors d'une conférence sur le négoce et le financement du pétrole et du gaz en Afrique ? Continent en marge du développement, pour ne pas dire en marge de l'humanité, alors qu'il recèle des richesses extraordinaires, l'Afrique continue de vivre les guerres et les pandémies, tout cela sur fond de convoitises. La Conférence sur le négoce et le financement du pétrole et du gaz en Afrique est née de l'intérêt que porte la CNUCED à la question des matières premières. Historiquement, la CNUCED a réussi quelques actions en faveur des pays en développement producteurs de matières premières à travers des accords internationaux. Pourra-t-elle faire quelque chose pour le pétrole en sachant que le marché de cette matière première peut créer des problèmes aussi bien pour les pays producteurs que pour les pays consommateurs de la catégorie des pays en développement vu son caractère volatile ? Si elle ne peut avoir un pouvoir d'intervention, elle peut influer par son expertise et faire jouer un rôle positif à l'Organisation des Nations unies dont elle dépend. Selon la CNUCED, ce genre de conférence est destiné à l'Afrique pour quatre raisons. Il y a le fait que le continent concentre la majorité des PMA (les pays les moins avancés), soit 34 sur 50. Ces pays sont situés surtout en Afrique subsaharienne. Selon les estimations de la CNUCED,17 pays de la région produisent ou vont produire du pétrole. De plus, 90% de la production de pétrole en région subsaharienne sont exportés sous forme de brut et cela empêche la naissance d'une industrie en aval. Selon les mêmes statistiques, moins de 15% des investissements directs étrangers rentrent dans les économies locales des pays africains. En troisième lieu, le niveau d'endettement des pays africains ne facilite pas l'accès au financement dans le secteur du pétrole. Opportunités d'affaires La hausse des prix de l'énergie ces dernières années a amené beaucoup de pays à diminuer leurs importations de produits énergétiques vu l'augmentation de la facture. Ce qui accentue la situation de précarité des populations. La CNUCED encourage cette conférence pour aider les gouvernements dans leur rôle de législateur pour améliorer l'environnement, les compagnies nationales qui ont pour rôle de préserver les intérêts de leur pays et qui assurent aussi les approvisionnements, les compagnies pétrolières qui injectent les capitaux et leur savoir-faire, les sociétés de services qui réalisent les projets ainsi que les organisations internationales qui constituent un lien dans les relations internationales. La conférence se fixe comme objectif de faire rencontrer les responsables des pays africains en créant des opportunités pour le savoir-faire et les affaires. Et fait très important, elle devrait être l'occasion de renforcer la nouvelle structure africaine qui est la Commission africaine de l'énergie. Les participants à cette rencontre vont débattre de plusieurs questions liées notamment à la coopération Sud-Sud, aux modes de financement des infrastructures énergétiques, au partenariat pour le développement des activités de l'amont (exploration-exploitation des hydrocarbures), aux perspectives des hydrocarbures en Afrique ainsi qu'à la stratégie du redéploiement à l'international du secteur énergétique africain. Cette conférence constitue aussi une occasion pour les responsables de la Commission africaine de l'énergie pour amener d'autres pays africains à accélérer la ratification de la convention portant création de cette commission énergétique continentale. Et ce, même si le minimum de 15 ratifications a déjà été obtenu. A ce sujet, une réunion doit regrouper les ministres africains de l'Energie avec le président de la commission de l'Union africaine, M. Omar Konary, et le directeur exécutif de l'AFREC, M. Hocine El Hag. Cette rencontre devrait permettre de dynamiser la commission. Au vu de ce qui se passe dans le monde, l'Afrique n'a pas d'autre choix que de prendre son destin en main. Surtout que la crise énergétique est en train de bouleverser le monde et que le sous-sol africain est sous-exploré.