"Les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers". C'est à travers cet article institué dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 que l'Algérie a mis un terme aux crédits à la consommation. Une mesure qui va fragiliser toutes les couches de la société, notamment la classe moyenne. Si, toutefois, cette disposition permet d'atténuer un tant soit peu l'explosion des importations, il n'en demeure pas moins que celle-ci risque de contribuer amplement à l'accroissement des recours aux circuits informels. En effet, selon le Dr Abderrahmane Mebtoul, l'article 75 qui interdit les crédits à la consommation pénalise exclusivement la classe moyenne. Car, selon cet économiste, les micro-ordinateurs, climatiseurs, machines à laver et autres appareils électroménagers sont demandés de plus en plus par les cadres moyens à l'exemple des enseignants, des médecins, des administrateurs. Selon l'expert international, la suppression des crédits à la consommation "encourage le crédit informel dont les taux seront plus élevés". Cette hypothèse ne manque surtout pas de sens, car il y aura toujours des citoyens, à défaut d'une accessibilité à l'achat de biens ou services par voie règlementée, qui vont se diriger vers les offres informelles. Plusieurs exemples peuvent illustrer cette "alternative" : le marché parallèle de la devise. Parce que l'Algérie accuse un très important déficit en matière de bureaux de change officiels, les citoyens reconvertissent les dinars en devise dans des espaces clandestins loin de tout contrôle de l'Etat. Les banques censées être les uniques organismes à faire ces changes, souvent, sont confrontées à une perturbation de l'alimentation des caisses en devises. Autre exemple démontrant que les Algériens sollicitent toujours des alternatives, si illégales ou aventureuses soient-elles, le marché d'occasion de l'automobile. En effet, la majorité des ventes des concessionnaires de voitures neuves en Algérie se font par le biais du crédit automobile. Avec la suppression des crédits automobile, les citoyens de la classe moyenne ne seront plus en mesure de prétendre à l'achat de véhicules neufs puisqu'ils ne seront pas en mesure de payer cash leurs prix exorbitants. Suite à cette mesure, nombreux sont ceux qui vont se précipiter sur les marchés de véhicules d'occasion pour acquérir un véhicule. Mais pour un tel marché, dénicher la bonne affaire est une tâche des plus ardues. Car les prix des voitures neuves sont presque similaires à ceux affichés dans les showrooms, ce qui n'est pas du tout une bonne affaire. Mais pour les ambitieux et les déterminés, le recours aux crédits informels peut toujours porter secours. D'autant plus que si les prix des voitures neuves augmentent, les éventuels acheteurs vont se ruer vers les voitures anciennes et avec des pièces douteuses et contrefaites, la fin à l'hécatombe routière ne sera surtout pas pour aujourd'hui. L'informel fait rage. Selon une étude du Forum des Chefs Entreprise (FCE), l'informel génère des sommes estimées entre 300 et 600 milliards de dinars (3 à 6 millions d'euros). Il est à noter, par ailleurs, que les crédits accordés pour l'achat des produits à la consommation ne font pas bénéficier seulement les entreprises étrangères, même les entreprises nationales sont concernées. Et si cette mesure d'interdire les crédits à la consommation a pour objectif d'éviter l'endettement excessif auprès des banques, les Algériens risquent de s'endetter auprès des particuliers.