La crise économique mondiale impactera les transferts des migrants vers leurs pays d'origine. Ainsi et selon un récent rapport de la Banque mondiale, les travailleurs immigrés devraient envoyer 7,3 % de fonds en moins dans leurs pays d'origine cette année. Afin de réduire cette impact, il est prévu de réduire les coûts de ces transferts en France. Selon le quotidien économique français les Echos, à la fin du mois de septembre, le ministre français de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, réunira un comité de travail pour étudier une baisse du coût des transferts de fonds envoyés par les immigrés français dans leur pays d'origine. Regroupant des acteurs publics (Bercy, Agence française de développement) et privés (Western Union, banques françaises), cette rencontre aura un objectif : " tout faire pour abaisser les coûts de ces transferts de 5 % sur cinq ans, comme le prévoient les engagements pris par le G8 en juin dernier ", explique un conseiller du ministre. Selon la Banque mondiale, les envois de fonds des émigrés vers les pays en voie de développement devraient baisser de 7,3% en 2009, pour n'atteindre que 304 milliards de dollars, après une hausse de 15% en 2008. Selon la Banque mondiale, ces transferts de fonds des émigrés à leurs familles ont commencé à ralentir au quatrième trimestre de 2008, suite à l'intensification de la crise au tournant de l'été, a précisé le document. En mars dernier, la Banque mondiale estimait que les pays en développement allaient faire face en 2009 à un déficit de financement de 270 à 700 milliards de dollars "du fait que les investisseurs privés fuient les marchés émergents". La relative bonne tenue des transferts de fonds des émigrés s'expliquerait, selon le même rapport, par le fait que "si les nouveaux flux migratoires ont baissé, le nombre d'émigrés a été relativement peu affecté par la crise". Malgré cela, ces transferts, vitaux pour le développement de certains pays, pourraient baisser davantage si la crise se prolonge, en cas de mouvements sur le marché des changes, et du fait que les "contrôles migratoires pourraient être renforcés encore dans les principaux pays de destination", a souligné le rapport. Notons que selon les chiffres de la Banque mondiale, en 2007, 190 millions de travailleurs migrants dans le monde ont fait parvenir à leurs familles 318 milliards de dollars (environ 248 milliards d'euros), selon les statistiques de la Banque mondiale. Si l'on considère les seuls envois au Sud, ces transferts de fonds ont atteint 240 milliards de dollars. Entre 2000 et 2007, ces envois ont été multipliés par quatre. Mais depuis un an, la croissance s'est nettement ralentie et, en 2009, les transferts pourraient décliner. En France, les associations ont déjà constaté cette tendance. " Avec la crise, certains travailleurs ont perdu leur travail, d'autres ont vu les missions d'intérim se raréfier. Le résultat, c'est qu'ils envoient moins d'argent qu'avant ", indique Alliate Chiahou, responsable de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF). Selon les Echos, Pour atténuer le choc, les autorités françaises parient sur la baisse du coût des transferts. Le niveau des commissions sur envoi exigées par les sociétés spécialisées, qui varie entre 10 et 30 % selon les destinations, est jugé trop onéreux. Notons que les transferts des migrants du Maghreb attisent les convoitises des banques françaises. L' Afrique du Nord canalise, faut-il le signaler, près de 10 milliards d'euros de transferts annuellement. Selon Les Echos, l'enjeu de cette présence est double car "il s'agit d'accompagner les populations étrangères résidant en France et capter le marché des transferts de fonds en direction de leurs pays d'origine". En 2008, les transferts de fonds en provenance de France se sont élevés, par exemple, à 4,7 milliards d'euros en direction du Maroc, 1,5 milliard pour l'Algérie et 1,3 milliard pour la Tunisie, soit respectivement 9%, 1,6% et 4,9% de leur produit national brut, fait remarquer le journal. Isma B.