Au moment où la loi de finances complémentaire pour 2009 est décriée par plusieurs patrons, le Président directeur général du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, apporte son soutien aux nouvelles mesures gouvernementales, tout en estimant qu'elles encouragent l'investissement national productif. Dans un entretien paru, hier, dans le quotidien Liberté, le président du premier groupe privé algérien estime que "la LFC encourage l'investissement national et la consommation de produits locaux afin de réduire l'importation qui affaiblit l'économie nationale". M. Rebrab estime, également, qu'"il est plus que temps que l'épargne des ménages et les revenus abondants que nous tirons de nos ressources servent en priorité au développement de la production nationale. Et à ce titre, la LFC 2009 fournit un cadre et prévoit des stimulants susceptibles d'encourager l'investissement". A l'inverse de plusieurs patrons qui ont exprimé dernièrement leurs appréhensions vis-à-vis de cet loi qui, selon eux, fait courir à l'entreprise algérienne le risque de fermer définitivement, mettant ainsi à la rue plusieurs travailleurs réduits au chômage, le patron de Cevital trouve que les mesures contenues dans la LFC ne sont pas du tout contraires aux intérêts économiques de l'Algérie. Selon lui, la loi de finances complémentaire constitue une réponse courageuse aux déséquilibres constatés dans l'économie nationale, notamment l'hémorragie des devises, le surendettement des particuliers et les importations anarchiques. "Le gouvernement a été bien avisé et a fait preuve de courage en intervenant avec détermination", selon Issad Rebrab. Le patron de Cevital apporte également son soutien à la suppression du crédit à la consommation. "Une mesure sévère mais nécessaire pour mettre fin aux abus du surendettement des ménages ", a-t-il expliqué. Dans ce contexte, il convient de rappeler les chiffres de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), sur le niveau d'endettement des ménages. Il en ressort que les ménages algériens se sont endettés à hauteur de 100 milliards de dinars (1,3 milliard de dollars environ) représentant 3% des importations de l'année 2008, évaluées à 40 milliards de dollars, ayant progressé de 25% par rapport à 2007. Selon cet organisme public, l'Algérie compte ainsi plus de 700 000 emprunteurs avec 2 à 3% d'impayés. Toutefois, le P-DG de Cevital a plaidé pour une politique qui encourage la consommation des produits nationaux. "La consommation de produits nationaux devrait stimuler l'activité de producteurs locaux et soutiendra les nouveaux investissements qui se traduiront par la création de nouveaux emplois", a-t-il expliqué. Issad Rebrab, dont le groupe est le premier exportateur hors hydrocarbures mais aussi l'un des principaux importateurs de matières premières, a également apporté son soutien total à l'instauration du crédit documentaire comme unique mode de paiement des importations. Le crédit documentaire "est une pratique normale pour toute entreprise qui traite à l'international. C'est d'abord un service bancaire et, par extension, un instrument qui assure la transparence des opérations commerciales. À ce double titre, notre groupe est entièrement favorable au recours systématique à cet outil de normalisation des transactions commerciales", a-t-il dit. A noter que l'Algérie a imposé ce nouveau mode de paiement afin de freiner le flux d'importation et lutter contre toutes formes de fraude qui s'effectuent sous le couvert des transferts libres. Sur ce point, il est utile de signaler que certains importateurs utilisent des registres de commerce établis avec de fausses identités pour importer et ne pas payer les impôts et les taxes. Le marché algérien, à travers ce procédé, a été inondé par des produits en provenance du monde entier à des prix imbattables, qui concurrencent fortement les producteurs locaux qui travaillent dans la transparence. D'où la nécessité d'imposer aux importateurs le crédit documentaire qui, selon les experts, garantit la meilleure traçabilité des transactions commerciales.