Le G20 Finances, qui réunit les ministres des Finances et banquiers centraux des grands pays industrialisés et émergents, s'est ouvert hier matin à Londres sur un discours du Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui a notamment appelé au maintien des plans de relance. Les membres du G20 devraient préparer des “stratégies de sortie”, des mesures de relance, chiffrées, hier, par M. Brown à 5.000 milliards de dollars, mais ils pensent tous que le moment n'est pas encore venu pour les mettre en oeuvre. En ouvrant les travaux de la réunion, M. Brown a mis tout son poids politique pour demander aux ministres de faire en sorte que “personne ne puisse dire qu'ils n'ont pas été capables” de se mettre d'accord sur les importants points en débat, notant que “chaque intérêt national ne peut être servi que si les intérêts communs de tous sont servis”. Il a par ailleurs mis en garde contre “la complaisance et un excès de confiance” sur les perspectives de retour rapide de la croissance, estimant que ce serait “une grave erreur” que de mettre un terme aux plans de relance sur lesquels tout le monde s'était mis d'accord au G20 des chefs d'Etat du 2 avril, qui s'était déjà déroulé à Londres. “Toute tentative de sortie trop rapide pourrait saper les premiers signes de reprise et conduire à une nouvelle chute de la confiance des entreprises et des consommateurs”, a-t-il dit. Il a rappelé que de nombreuses prévisions de croissance actuelles sont basées sur la perspective de plans de relance en 2010 de taille égale à ceux de 2009. “Ce qui est en jeu est tout simplement trop important pour se tromper et décider maintenant que le temps est venu de commencer à défaire les mesures exceptionnelles que nous avons prises, ce serait selon moi une grave erreur”, a considéré M. Brown. Il a souligné que, plus de la moitié des plans de relance annoncés dans le monde, qu'il a chiffrés à 5.000 milliards de dollars, étaient encore à venir, et que “la position prudente à adopter pour les pays du G20 était de mener à bien les projets que nous avons mis en place”. D'autre part, le Premier ministre a également évoqué la question des bonus, estimant que “la rémunération et les bonus ne peuvent pas récompenser l'échec ou encourager des prises de risques inacceptables. Cela offense le public car l'argent des contribuables a empêché de nombreuses banques de s'effondrer et soutient à présent l'économie”. “Tous les pays du G20 devraient développer et mettre en oeuvre conjointement des règles cohérentes sur les rémunérations des banquiers, avec des sanctions au niveau national pour les banques qui ne jouent pas le jeu”, a-t-il insisté. Cependant, les membres diffèrent encore sur de nombreux points qui concernent plus essentiellement : la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et la question des bonus, ou des questions très techniques comme la réforme des règles comptables ou de celles du capital des banques. La France et l'Allemagne, par exemple, se sont opposées au plan américain qui veut obliger les banques à mettre en réserves des proportions de fonds propres plus importantes. En outre, les Européens veulent des restrictions plus dures sur les rémunérations des banquiers. La France veut des limites strictes. A ce propos, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a décrété un “haro sur les bonus” des banquiers et trader. “L'opinion publique dans la plupart des pays européens, y compris ici au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, a été sidérée, horrifiée par le montant des rémunérations versées”, a déclaré la ministre française. La réunion du G20 Finances s'est achevée au cours de l'après-midi d'hier par la publication d'un communiqué commun, suivi de conférences de presse des ministres. Nassim I