Pour faire pression en faveur des droits de l'homme, la Commission européenne envisage de mettre fin aux préférences généralisées dont bénéficient les exportations du Sri Lanka. En mai, le Sri Lanka sortait d'une guerre de près de trente ans contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), un mouvement séparatiste qui a multiplié les attentats sanglants. La victoire de l'armée sri-lankaise a été obtenue au prix de milliers de victimes civiles, les Tigres ayant pris en otage de nombreux Tamouls dont ils se sont servis comme boucliers humains. À l'ONU, le Sri Lanka a échappé à une enquête sur les crimes de guerre demandée par les capitales occidentales, grâce au soutien de pays comme la Libye, la Chine, l'Inde, le Pakistan, l'Arabie saou dite et Cuba. Malgré les pressions d'organisations des droits de l'homme, le FMI a accordé un prêt de 2,6 milliards de dollars pour aider le pays à se remettre de la guerre. La Chine est le principal investisseur. Un port en eaux profondes muni d'installations pétrolières et situé stratégiquement entre le Golfe et l'Extrême-Orient est en train d'être construit à Hamben tota (sur la côte sud) par les Chinois pour un milliard de dollars. Les Indiens redoutent cette nouvelle présence chinoise à leur porte. Malgré la fin des combats, l'état d'urgence reste en vigueur et le gouvernement du président Mahinda Rajapaksa continue d'être l'objet de vives critiques en Europe et aux Etats-Unis. La condamnation, le 31 août, à vingt ans de prison du journaliste J. S. Tissainayagam, accusé d'avoir critiqué le traitement des Tamouls par l'armée, a soulevé l'indignation internationale. Hier, un représentant de l'Unicef était sous le coup d'une décision d'expulsion pour avoir dénoncé le traitement des Tamouls dans les camps de réfugiés. Pour sanctionner le Sri Lanka, la Commission européenne envisage de ne pas renouveler le régime des préférences généralisées " GSP Plus ". Un rapport préparé pour la Commission dénonce la situation des droits de l'homme dans le pays. Le président Rajapaksa, originaire du sud de l'île et premier chef de l'Etat à ne pas appartenir aux élites du pays, a vu sa popularité enfler avec la victoire sur les Tigres tamouls. Ceux-ci n'ont pas hésité à commettre des atrocités pendant la guerre, multipliant les attentats terroristes, enrôlant des enfants soldats et abattant les civils qui refusaient de servir de boucliers humains. À la moindre critique, le gouvernement dénonce la propagande du LTTE qui dispose, en effet, de relais parmi les exilés tamouls en Europe et aux Etats-Unis. Avec la fin du conflit, la cruauté des uns peut de moins en moins justifier celle des autres. La paix revenue, le président Rajapaksa, qui sera sans doute aisément réélu, ne pourra échapper aux exigences de la population - et notamment de la minorité tamoule - en matière de développement et de libertés. Malika.K