Les nouvelles mesures prises par le gouvernement en matière d'investissements étrangers ont freiné l'implantation de certains entrepreneurs dans le pays, notamment ceux venant d'un pays voisin telle la Tunisie. Plusieurs grandes entreprises tunisiennes, pour la plupart cotées en Bourse, ont, en effet, vu leurs projets industriels et banquiers freinés à la suite de ces récentes mesures. On citera à titre d'exemple Gif Filter, fabricant tunisien de filtres pour véhicules, qui a renoncé, il y a quelques semaines à son investissement en Algérie. Le groupe, leader dans son secteur en Tunisie, grand exportateur vers l'Europe et les pays du Maghreb, avait, en effet, décidé de suspendre l'exécution d'un projet d'usine de production de filtres dits de " nouvelle génération ", pour un investissement estimé à plus de 10 millions de DT. "Nous étions prêts pour engager les formalités en Algérie a déclaré Heykel Jerbi, administrateur et DG adjoint de la firme, mais les éléments nouveaux intervenus dans la législation algérienne ne permettent pas d'assurer la sécurité suffisante des investissements que nos actionnaires sont en droit d'exiger de nous. C'est pourquoi nous avons décidé de surseoir à ce projet en attendant de voir si de nouveaux éléments interviendront en 2010 ". Le groupe déplore surtout le fait que ces nouvelles mesures n'aient pas introduit la notion de " préférence régionale " pour favoriser le partenariat algéro-tunisien promis par le président Bouteflika. Dans le domaine de la finance, c'est la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) et Amen Bank, qui ont également renoncé à ouvrir des filiales en Algérie, dans le cadre de leur développement à l'échelle maghrébine. Selon elles, le capital exigé par l'Algérie a été " multiplié " par quatre, pour atteindre 100 millions d'euros, montant qui dépasse de loin le capital de leur siège social à Tunis et est trop important pour pouvoir être rentabilisé. Le groupe Amen Bank s'apprête cependant à s'adapter avant fin 2009 aux nouvelles règles concernant les établissements financiers en recapitalisant sa filiale Maghreb Leasing Algérie, très présente au niveau des services aux PME algériennes. Ce désenchantement n'est, cependant, pas général. Plusieurs autres entreprises tunisiennes ont pu s'adapter à ces péripéties, et pensent qu'ils ne faut pas insulter l'avenir. C'est la cas de Tunisie Profilés Aluminium (TPR), qui a investi 25 millions de DT pour l'implantation d'une usine à Aïn Defla qui a " échappé de justesse " à la règle des 49 %-51 %, mais qui se prépare, à en croire Taïeb Bayahi, à constituer une société pour la commercialisation, dont 30 % du capital sera détenu par un partenaire algérien qu'il a déjà trouvé. C'est aussi le cas du groupe Altea Packaging, qui construit une usine d'emballage à Constantine, non loin de la frontière tunisienne, pour un coût de 19 millions de DT. Le démarrage de la production est prévu pour fin 2009. Un autre pionnier tunisien, où sa première implantation date de plus de trente ans, Poulina Group Holding (PGH), leader des groupes industriels tunisiens dont les activités englobent des unités de production de bouteilles de gaz et d'électroménager, a investi dans deux immenses projets, une aciérie (billettes d'acier), pour un coût de 24 millions DT à Touggourt, qui ouvrira en novembre, et une unité de production de céramique à Sétif qui sera opérationnelle au premier trimestre de 2010 pour un coût de 27 millions de DT. Mais le groupe a dû abandonner trois autres projets industriels en cours. Lotfi.C