La livre est aussi victime des très mauvaises perspectives pour les finances publiques. Des signes de reprise se multiplient, alors que la devise est au plus bas face à l'euro depuis mars. La livre sterling a encore connu mardi son plus bas niveau face à l'euro depuis presque sept mois, à 1,063 € pour 1 £. Egalement sensible face au dollar depuis l'été, cette dépréciation ne provoque aucune protestation à Londres. Au contraire. Le gouvernement et la Banque d'Angleterre encouragent clairement le mouvement. Même l'opposition conservatrice, favorite pour gagner les prochaines législatives, ne trouve rien à redire au fait qu'une livre pourrait bientôt valoir moins qu'un euro, une première depuis la création de la monnaie européenne. D'après un rapport du Centre for Economics and Business Research, la Banque d'Angleterre devrait garder ses taux d'intérêt directeurs au plancher actuel de 0,5 % jusqu'en 2011, ce qui pourrait entraîner la devise britannique sous la parité avec l'euro. L'inflation a ralenti à 1,1 % en septembre, au plus bas depuis cinq ans. L'institution monétaire a laissé entendre la semaine dernière qu'elle pourrait augmenter son effort d'" assouplissement quantitatif " qui s'élève aujourd'hui à 175 milliards de livres, une technique qui consiste à faire marcher " la planche à billets " pour financer l'économie. La livre est aussi victime des très mauvaises perspectives pour les finances publiques. Le Royaume-Uni va connaître cette année un déficit public record, estimé à 12,4 % du PIB, une situation qui va obliger le prochain gouvernement à une cure d'austérité. Pour tenter de renflouer les caisses, Gordon Brown a annoncé, lundi, une vague de privatisations pour un montant total de 16 milliards de livres. Dans ce contexte difficile, le gouvernement considère que l'indépendance monétaire est un atout à préserver face à l'imposante zone euro. Vendredi, les premiers effets positifs de la dévaluation de la livre sur les exportations ont pris la forme d'une diminution du déficit commercial britannique depuis l'été. " On commence déjà à voir un effet de la dépréciation du sterling face à l'euro dans les échanges entre le Royaume-Uni et le reste de l'Europe, explique Ben Broad bent, économiste chez Goldman Sachs à Londres. " Si la tendance se poursuit, ce qui devrait être le cas, à mon avis, l'effet sera plus important encore, avec un transfert d'investissements sur le sol britannique. " De plus en plus, les économistes de la City s'accordent à penser que les derniers chiffres de l'Office of National Statistics montrant une baisse de la production industrielle cet été ne sont pas fiables et que la situation économique est, en fait, en train de se redresser. D'après les ventes de détail, en hausse de 2,8 % en septembre, la consommation redémarre. Le dernier indice en date, celui sur la confiance dans les milieux d'affaires dressé par les chambres de commerces britanniques, a connu une franche hausse, après avoir brusquement chuté cet été. " L'enquête trimestrielle conforte notre avis selon lequel l'économie britannique est en passe de sortir de la récession ", a estimé David Kern, économiste pour les chambres de commerce. Les prochains chiffres trimestriels sur l'évolution du PIB seront rendus publics dans dix jours.