L'euro rechutait face au dollar hier , retombant sous 1,22 dollar, toujours pénalisé par des craintes persistantes sur l'impact de la crise de la dette sur la reprise économique en zone euro, alors que le yen souffrait de la démission du Premier ministre japonais. A 13H00 GMT (15H00 à Paris), l'euro cotait 1,2189 dollar contre 1,2238 dollar mardi vers 21H00 GMT. L'euro remontait face à la devise japonaise à 112,06 yens contre 111,40 yens la veille. Le dollar progressait également face à la devise nippone, à 91,93 yens contre 91,02 mardi soir. "L'euro baisse face au dollar, les investisseurs se détournant des placements à risque de crainte de voir les efforts [des pays membres de la zone euro] pour réduire les déficits entraver la reprise économique en Europe", commentaient les courtiers d'ETX Capital. Après avoir plongé la veille jusqu'à 1,2111 dollar, son plus bas niveau depuis le 14 avril 2006, l'euro peinait ainsi à rebondir, faisant toujours les frais du débat persistant sur l'efficacité de programme de rachat d'obligations d'Etat effectué par la Banque centrale européenne (BCE). "Le point de débat principal porte sur les raisons qui poussent (la BCE) a acheter des obligations grecques alors que le plan d'aide au pays a été accepté depuis longtemps et que les premiers fonds ont été transférés", notaient les analystes de Commerzbank. En effet, "les achats d'actifs portugais ou irlandais auraient plus de sens, car le plan de sauvetage pour les autres pays de la zone euro n'est toujours pas en place", poursuivaient les analystes. Une telle manoeuvre pourrait empêcher la contagion rapide de la crise au sein des pays à risque que sont le Portugal, l'Irlande, ainsi que l'Italie. De plus, l'euro souffre de dissensions sur cette pratique au sein-même de la BCE. En effet, alors que l'institution a acheté au 28 mai pour 35 milliards d'obligations d'Etat, dont un peu plus de 8 milliards la semaine dernière, une mesure décidée pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, l'Allemand Axel Weber, président de la Bundesbank, a continué lundi sa croisade contre cette pratique qu'il juge très risquée. Par ailleurs, l'annonce mercredi de la démission du Premier ministre japonais Yukio Hatoyama - victime de sa gestion désastreuse du déménagement d'une base américaine et d'une impopularité record - a écorné la confiance des investisseurs à l'égard de la deuxième économie mondiale, pesant ainsi sur sa monnaie. De plus, "un successeur possible est le ministre des Finances Naoto Kan, qui n'a jamais caché sa préférence pour un yen faible et pour plus de soutien monétaire", commentait Daragh Maher, analyste chez Crédit Agricole CIB. De son côté, la livre britannique est repassée au-dessus du seuil de 1,20 euro pour une livre sterling pour la première fois en 18 mois, les cambistes accueillant avec soulagement l'annonce de l'échec du rachat d'AIA par l'assureur britannique Prudential. La devise britannique, qui n'avait pas dépassé le seuil de 1,20 euro depuis le 1er décembre 2008, a bondi mercredi jusqu'à 1,2079 euro pour une livre. "Le rachat de la filiale asiatique d'AIG par l'assureur Prudential, d'un montant de 35,5 milliards de dollars, est condamné à l'échec, ce qui apaise la crainte que l'acquisition n'entraîne des ventes importantes de devises britanniques", explique Adam Solomon, analyste chez TorFX. L'assureur britannique Prudential a annoncé mercredi avoir abandonné ses démarches pour racheter AIA, la filiale asiatique de l'assureur américain AIG après que le groupe américain eut refusé de diminuer le prix d'achat. Pour procéder à ce rachat, Prudential aurait vendu une quantité importante de livres sterling. La publication mardi d'un indicateur encourageant pour l'économie britannique - les prix immobiliers, qui ont enregistré leur plus forte hausse annuelle en deux ans au mois d'avril - a également redonné du lustre à la monnaie britannique, selon des analystes.Son rebond s'est effectué non seulement face à l'euro mais aussi contre la plupart des grandes devises, dont le dollar. Déprimée par le niveau élevé de l'endettement britannique et par le retour tardif à la croissance de son économie après une sévère récession, la livre avait touché le 20 mai son niveau le plus bas face au billet vert depuis fin mars 2009, à 1,4231 dollar pour une livre.