L'Algérie entend bien rapidement créer sa propre industrie automobile. C'est le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, qui l'a annoncé dimanche dernier à Alger, en marge de l'inauguration du 3e salon de l'industrie. Le ministre de l'Industrie et de la promotion de l'investissement Abdelhamid Temmar a, en effet, surpris son monde en déclarant : "L'Algérie a pris la ferme décision de créer une industrie automobile pour produire des voitures et des véhicules industriels, à hauteur de 30% à 50% par des entreprises locales. Nous voulons des véhicules fabriqués grâce à un savoir-faire algérien et qui émane d'entreprises de sous-traitance publiques ou privées." Avant d'ajouter : L'Algérie ne peut plus se contenter de montage de véhicules. C'est donc une décision politique forte de l'Algérie, qui cherchera par ce biais à s'affranchir en partie de la lourde importation de son parc automobile, qui a représenté 350 000 véhicules en 2008, pour une somme estimée à 3,5 milliards de dollars : "Même si le gouvernement venait à accepter qu'un montage des véhicules se fasse en Algérie, cela ne serait qu'une première étape avant de s'orienter vers la fabrication.", a d'ailleurs appuyé le ministre. Cette volonté fait suite à l'interdiction par l'Etat qui avait fait couler beaucoup d'encre en juillet dernier, de tout crédit automobile à un particulier. Une mesure dont l'intention est de freiner la progression du parc automobile (et donc son importation), qui dépasse dans le pays à ce jour les 5 millions d'unités. Mais aussi, avec comme corollaire souhaité, d'orienter davantage les crédits des Algériens vers les achats de biens immobiliers, beaucoup trop timides aujourd'hui selon le gouvernement. Une production locale de véhicules créerait en tout cas de l'emploi en Algérie, et permettrait peut-être aux Algériens de devenir propriétaires d'un véhicule plus facilement et à des tarifs moins onéreux qu'aujourd'hui. Reste à connaître la suite de cette résolution : avec quels partenaires ? A quelle échéance ? Selon Temmar toujours, le gouvernement a entamé depuis quelques années des contacts avec plusieurs grandes entreprises étrangères afin de trouver un partenaire pour la mise en place d'une entreprise publique d'industrie automobile. II avait expliqué que le partenaire étranger sera le bienvenu même s'il désire construire une unité en Algérie à 100 %. Aujourd'hui, tout porte à croire que ce type d'industrie est considéré comme une priorité dans la nouvelle stratégie industrielle, d'autant que des atouts existent pour sa mise en place et sa réussite. L'Algérie dispose en effet, d'un tissu de petites et moyennes entreprises (PME) de sous-traitants qui pourrait très bien appuyer l'activité de fabrication automobile. L'existence d'industries de sidérurgie, de verre et de plastique constitue un atout en plus pour ce type de projet. L'approvisionnement en accessoires pourrait, également, se faire localement grâce à des fabricants nationaux qui ont prouvé leurs compétences dans ce domaine. L'Algérie, qui a pris du retard dans l'industrie de l'automobile pourrait ainsi alimenter son propre marché à forte demande en véhicules utilitaires et touristiques, et prétendre à l'exportation régionale sur les marchés arabe et africain, investis aujourd'hui par des marques européennes mais aussi égyptiennes, syriennes et jordaniennes.