L'obligation faite aux opérateurs de recourir au crédit documentaire va porter un sacré coup aux entreprises algériennes dépendantes des matières premières importées de l'étranger. Des sociétés peuvent disparaître du jour au lendemain en raison de la suspension des importations des matières premières, en particulier dans le secteur industriel. C'est le cri de " détresse " lancé depuis l'instauration de cette mesure en été, dans le cadre de la LFC pour 2009, par les patrons, chefs d'entreprises et importateurs. Ces derniers reviennent à la charge après le maintien de cette mesure dans le projet de loi de finances 2010, avalisé, lundi dernier, en conseil des ministre. C'est le cas du Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui regrettent le maintien du crédit documentaire comme unique moyen de paiement dans les opérations de commerce extérieur. " Le Credoc est une impasse pour les producteurs. Le patronat aurait voulu qu'on face la distinction entre les importateurs qui revendent en l'état et les chefs d'entreprises qui produisent. Il n'est pas normal de les pénaliser avec le crédit obligatoire qui met un mois pour être confirmé ou infirmé aux fournisseurs", a déclaré Réda Hamiani, président du FCE. Celui-ci compte d'ailleurs tenir, dans les prochains jours, une assemblée générale pour interpeller les pouvoirs publics sur cette question via une motion. " Il faut qu'on différencie dans ce mode de payement entre ceux qui produisent et qui sont pénalisés par le Credoc et ceux qui importent. On va évoquer également la question de la concession des terrains par le biais des enchères. Nous nous ne sommes pas contre la concession mais les chefs d'entreprises ne sont pas intéressés par l'acquisition du foncier par la vente aux enchères ", a précisé Réda Hamiani. Les organisations patronales, à l'instar de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) et la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), avaient, également plaidé, au cours de ces derniers jours, pour l'application du mode de paiement par crédit documentaire seulement sur les importations de produits finis. Elles revendiquent ainsi la suppression de ce mode de paiement pour les entreprises achetant des matières premières sur le marché international. Selon elles, la suppression de cette disposition est nécessaire pour les entreprises créatrices de valeurs ajoutées qui sont dans l'incapacité de mobiliser des fonds importants pendant une période dépassant souvent trois à quatre mois pour l'achat des matières premières. Le ministère des Finances a voulu, il y a quelques semaines, se rattraper en accordant une mesure d'exception pour débloquer la situation qui ne pénalise pas seulement les opérateurs économiques mais menace la sécurité alimentaire du pays vu qu'une grande partie de nos besoins sont importés de l'étranger. Il s'agit en réalité d'un sursis pour les importateurs et les opérateurs économiques qui peuvent retirer les marchandises au niveau des ports et aéroports algériens en appliquant les anciennes procédures en matière de dédouanement et de formalités bancaires. Lotfi C.