Les ruptures de stocks des médicaments sont dues aux difficultés de procéder à leur importation. Moins d'un an après l'obligation faite aux importateurs de solliciter uniquement le crédit documentaire, le constat est alarmant. Amor Ziyad, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop), ne mâche pas ses mots. Les ruptures de médicaments constatées dans les pharmacies sont dues à la difficulté d'approvisionner le marché depuis l'instauration de l'obligation de recours au crédit documentaire. C'est ce qu'il a déclaré hier à L'Expression, en marge d'une rencontre organisée à Alger par UbiFrance sur le thème de la gestion des déchets urbains spéciaux. Ce même responsable ne présage rien de bon pour l'avenir de la filière. Même si la tripartite a décidé de créer un comité pour recueillir les avis des entreprises pour assouplir les entraves induites par cette mesure, Amor Ziyad ne voit pas comment les lenteurs des banques pourraient être dépassées lorsqu'il s'agit d'accéder au crédit. Il faut trois mois pour que l'opération se débloque. Dès que les stocks constitués durant le deuxième trimestre de l'année dernière ont été épuisés, les difficultés d'approvisionnement du marché ont commencé à apparaître. Le deuxième problème soulevé par notre interlocuteur est lié aux commissions payées aux banques, jugées prohibitives. Un taux de 6% à 8% de la valeur du crédit est payé à la banque. Les importateurs de médicaments disent que leur marge est de 10%, ce qui fait que la différence est trop étroite pour que les affaires puissent se poursuivre. D'ailleurs, Amor Ziyad ne cache pas sa crainte que certaines unités de fabrication soient conduites à fermer leurs portes avec le lot de licenciements que cela va induire. L'Algérie importe des médicaments prêts à l'emploi mais elle procède aussi au façonnage et à la fabrication à partir d'intrants provenant de l'étranger. Pour l'instant, tous les types de médicaments sont touchés par les ruptures de stocks et il n'y a pas que ceux entrant dans le traitement des maladies chroniques qui sont concernés. La fronde contre le crédit documentaire vient d'un autre industriel activant depuis 40 ans dans le domaine de la chimie. Mokhtar Belhadj, directeur général de Belcol, rencontré lors de la même réunion, dit être confronté à des difficultés d'approvisionnement en matières premières à cause de l'instauration de l'obligation de recours au crédit documentaire. Lui, non plus, n'a pas beaucoup d'espoir que le comité instauré dans le cadre de la tripartite puisse apporter de grandes innovations allant dans le sens de desserrer l'étau sur les industriels. Selon lui, il n'y a rien à négocier avec les banques. Il ajoute que les lenteurs sont inévitables du fait que les banques qui traitaient 500 dossiers de crédit documentaire auparavant voient ce chiffre multiplié par dix. Actuellement, il n'y a pas que les importateurs qui se démènent dans des difficultés. Mêmes les exportateurs de pâtes alimentaires et de couscous demandent à ce que le ministre du Commerce accepte de comprendre leur position suite à l'interdiction de cette activité. L'administrateur de l'Association algérienne des exportateurs souligne néanmoins, que si le ministère arrive à convaincre que les mesures prises vont dans le sens de l'intérêt de l'économie nationale, il aurait l'adhésion des professionnels. Tout ce débat dans les sphères algériennes n'empêche par les partenaires étrangers du pays de continuer leur offensive pour placer leurs produits et services. Hier, c'était une dizaine de sociétés françaises spécialisées dans les services et les équipements dans le domaine de la chimie qui ont eu des contacts avec de potentiels clients algériens. Des rencontres d'affaires ont eu lieu à Alger avant que la démarche ne soit étendue à Oran. Madame Claude Masegosa qui fait partie d'UbiFrance au sein de la délégation économique à Alger, a souligné que les sociétés présentes ont aussi l'ambition de participer à des appels d'offres lancés par des locaux. Certaines entreprises françaises proposent, entre autres, des solutions pour l'incinération de médicaments périmés ou de déchets toxiques ou encore l'analyse de l'eau.