Le président du Conseil national économique et social (Cnes), M. Mohamed-Seghir Babès, a indiqué, jeudi, à Alger, lors de l'ouverture de la rencontre sur le déminage humanitaire au service du développement humain, que l'Algérie réaffirme son “intense et irréductible” engagement pour un monde sans mines antipersonnel. “Nous portons très haut et fort ce plaidoyer qui signe par la même, l'intense et irréductible engagement de l'Algérie pour un monde sans mines”, a souligné M. Babès, lors de cette rencontre qui intervient la veille de la célébration du déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954. Il a soutenu que l'Algérie, malgré les “affres de l'histoire dont elle continue de souffrir, a adhéré au dispositif de la convention d'Ottawa”, laquelle a fixé l'échéance d'avril 2010 pour l'élimination des mines antipersonnel dans le monde. M. Babès fait ainsi observer qu'il s'agit d'une “option forte” de la part de l'Algérie quand on sait, a-t-il souligné, que “certains de nos voisins n'ont pas adhéré à la convention d'Ottawa”. “L'Algérie a, en somme, accepté de se désarmer par rapport à ceux qui nous veulent du mal”, a-t-il encore ajouté. Evoquant le “legs” du colonisateur à l'Algérie, consistant en la pose des mines tout au long des frontières Est-Ouest, à savoir les “tristement célèbres” lignes Challe et Morice, le président du Cnes a rendu hommage aux équipes du ministère de la Défense nationale dans leurs opérations de déminage. Il a également relevé la “corrélation” entre le déminage et le développement humain, mise en relief dans les travaux du Cnes lequel demeure une institution consultative et représentante de la société civile organisée, a-t-il dit, annonçant à cet égard qu'un compte rendu sera intégré dans le rapport du Cnes sur le développement humain. Il a aussi rappelé la tenue d'une session conjointe avec le Conseil économique, social et environnemental de France, le printemps dernier, ce qui a impliqué cette institution française qui porte le regard et l'appréciation de la société civile organisée de France à interroger et interpeller, de nouveau, la mémoire sur ce qui est déminage humanitaire et mines antipersonnel ainsi que les dégâts que cela a constitué pour l'Algérie, a ajouté M. Babès. “Il est difficile de faire l'impasse sur cette période car nous sommes encore devant les séquelles des effets de la colonisation”, a asséné le président du Cnes. En ce sens, la rencontre sur “Le déminage humanitaire au service du développement humain”, dont le comité interministériel est présidé par le ministère de la Défense nationale et comprenant d'autres ministères, est en mesure de mettre en “symbiose”, les efforts des pouvoirs publics et du Cnes allant dans le sens de “dépolluer” le territoire des mines antipersonnel, a-t-il conclu. Pour sa part, la directrice du Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), Nouria Remaoun, a indiqué qu' « il faut prendre des décisions en matière d'identification des zones minées et de déterminer les lieux d'intervention des équipes de déminage ». Par contre, selon l'étude menée en 2009 durant une période de six mois, également présentée au Conseil national économique et social (Cnes) et au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a relevé qu'il y a une diminution en termes de victimes et du nombre de zones minées en Algérie, depuis 1962. Il ressort, de cette étude, qu'il y avait plus d'une centaine de communes au départ et il qu'il n'en reste à présent que 17 communes où le risque d'explosion a été identifié, selon Mme Remaoun. L'étude s'est également intéressée à l'impact socioéconomique, notamment les victimes handicapées physiques ou celles souffrant sur le plan psychique, a expliqué la directrice du CRASC, soulignant que dans d'autres communes, la population souffre de stress, de peur et d'angoisse. Par ailleurs, près de 2 531 km de territoires situés sur les deux frontières du pays (Est et Ouest) où l'armée coloniale avait disséminé près de 11 millions de mines, ont été traités par l'Armée nationale populaire (ANP), a indiqué, le président du Comité interministériel de suivi de l'application de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, le colonel Hacene Gherabi. Il a relevé, dans ce cadre, que l'Algérie a dénombré, depuis l'indépendance jusqu'au 31 décembre 2008, 3 236 victimes des mines héritées de l'époque coloniale, en plus de 3 526 pension accordées aux victimes et ayants droit, ainsi que 2 329 pensions pour invalidité. Nassim I.