L'économie américaine a créé 97.000 emplois en février, suggérant que la première économie du monde continue de croître en dépit de la faiblesse de l'immobilier résidentiel et de l'automobile. Le rapport du département du Travail, considéré comme l'un des meilleurs indicateurs de l'activité économique, n'a pas surpris les analystes et laisse penser que la croissance se poursuit, quoique à un rythme plus lent que l'an dernier. Le niveau des créations d'emplois est certes le plus faible depuis janvier 2005, mais le gouvernement a révisé en hausse ses chiffres des mois précédents pour faire ressortir 146 000 créations d'emplois en janvier (au lieu de 111 000) et 226 000 en décembre (au lieu de 206 000). Le taux de chômage, calculé sur une base différente, a baissé à 4,5% de la population active en février contre 4,6% en janvier. Beata Caranci, économiste chez TD Bank Financial Group, juge le rapport cohérent avec une économie en phase de décélération tout en maintenant une certaine croissance. "Si vous regardez juste le secteur privé, il n'y a eu que 58.000 créations d'emplois, ce qui n'est pas un chiffre très vigoureux", a-t-elle affirmé. "Mais c'est un soulagement parce que l'on craignait une mauvaise nouvelle. Cela réconforte sur la vigueur du marché de l'emploi", a-t-elle ajouté. Le rapport a révélé une chute de 62.000 des créations d'emplois dans le bâtiment, ce qui est la baisse la plus importante depuis 1991. Même si le mauvais temps a sans doute joué, cette chute reflète la crise que connaît le secteur immobilier résidentiel. La vigueur du secteur des services a toutefois permis de contrebalancer cette faiblesse, avec 168.000 créations d'emplois dont 39.000 dans la Fonction publique. Cependant les salaires horaires ont augmenté eux aussi, progressant de 0,4% à 17,16 dollars. Ce rapport va dans le sens des prévisions de la banque centrale et de beaucoup d'économistes pour qui l'économie est en phase de ralentissement. Le gouvernement avait fortement révisé en baisse le mois dernier les chiffres de la croissance du 4e trimestre, à 2,2% (en rythme annuel) au lieu de 3,5% annoncé initialement. La Fed table sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) comprise entre 2,5% et 3% cette année. Sur la base de ces prévisions, la Fed a maintenu son principal taux directeur inchangé à 5,25% depuis août. Beaucoup d'analystes appellent à des baisses de taux cette année. Mais "dans l'ensemble, la tendance de l'emploi reste bien au dessus de nos pires craintes et cela ne poussera pas la Fed à baisser rapidement ses taux", affirme M. Gallagher. La prochaine réunion de son Comité monétaire est prévue pour les 20 et 21 mars. Les analystes estiment qu'il faut entre 110.000 et 130.000 créations d'emplois par mois pour absorber la hausse de la population active. Le ministère a indiqué que l'économie avait créé deux millions d'emplois en deux ans. "La hausse des embauches -- 156.000 en moyenne sur les trois derniers mois -- suggère que l'économie va garder de la vitesse, mais un peu moins que son rythme de croisière", a affirmé John Silvia, chef économiste de Wachovia. "Les créations d'emplois continuent d'être concentrées dans le secteur des services avec de forts gains dans les services aux entreprises, l'éducation et les loisirs. Sur le front des salaires, la hausse a atteint 4,1% sur un an, ce qui suffit pour garder la Fed en alerte" selon lui.