Docteur Abderrahmane MEBTOUL Une importante délégation française du patronat français (MEDEF) est en visite en Algérie afin d'impulser les relations économiques - Quelles sont les perspectives surtout entre les entreprises publiques et les entreprises privées françaises car l'essentiel du budget projeté en Algérie relève de la dépense publique, surtout avec les nouvelles orientations contenues dans la loi de finances qui imposent la majorité du capital à l'Etat algérien, le privé algérien étant actuellement marginal vivant lui-même dans sa majorité des parts de marché de l'Etat. C'est l' objet de cette modeste contribution . Il faut reconnaître que les relations économiques ente l'Algérie et la France , malgré des discours de bonnes intentions, sont loin des attentes et des potentialités entre les deux pays et elles sont énormes. IL y a effectivement des aspects politiques qui freinent ces échanges, le devoir de mémoire que l'on ne saurait occulter et auquel j'accorde une extrême importance. Pour preuve bien qu'il faille éviter des assimilations abusives, l'extermination inadmissible et abominable des juifs par le régime nazi dont les chambres à gaz et ses collaborateurs dans certains de pays a contraint bon nombre de pays à faire preuve de réalisme et cela a été le cas pour la France. Il appartient aux historiens algériens et français d'en faire l'écriture objective et je salue les importants travaux d'un algérien Mohamed HARBI un Moudjahid de la première heure, et un français Benjamin STORA. Mais il faut être conscient que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus essentiellement sur des relations personnalisées entre chefs d'Etat mais sur des réseaux et organisations décentralisés à travers l'implication des entreprises et de la société civile qui peuvent favoriser la coopération, le dialogue des cultures, l'émigration ciment de l'inter culturalité pouvant être un vecteur dynamisant. Cependant, il faut reconnaître que les échanges commerciales entre l'Algérie et la France qui étaient d'environ 8 milliards de dollars US ont dépassé les 10 milliards de dollars fin 2008 en moyenne 5 pour l'Algérie et 5 pour la France (5/5) essentiellement des hydrocarbures pour la partie algérienne, l'agroalimentaire, les produits pharmaceutiques, les produits issus de l'industrie automobile pour la partie française. La France demeure le premier investisseur hors hydrocarbures mais dominées à plus de 70% par les PMI/PME. Selon les données de l'ambassade de France à Alger fin décembre 2008, 300 filiales sont installées ayant créé 30.000 emplois directs. Certes les échanges commerciaux sont en hausse mais demeurent figés dans leurs structures. Car, malgré une bonne évolution, ces échanges sont dérisoires comparées aux exportations et importations des deux pays en rappelant que la France a totalisé en 2008 560 milliards de dollars d'exportation dont 5 milliards de dollars seulement vers l'Algérie, 65% étant dirigées vers l'Europe certes loin derrière l'Allemagne premier exportateur mondial qui a dépassé les 1500 milliards de dollars et la Chine plus de 1200 milliards de dollars . La France dans bon nombre d'affaires en Algérie est devancé par l'Italie et la Chine qui prennent des parts de marché de plus en plus en plus importants. Car, dans la pratique de affaires il n'y a pas de fraternité , de sentiments et l'Algérie doit privilégier uniquement ses intérêts, comme c'est le cas de la France , les opérateurs qu'ils soient arabes,algériens chinois, français ou américains étant mus par la logique du profit maximum et ils iront là, où sous réserves des contraintes socio- politiques et socio- économiques, ils peuvent réaliser ce profit maximum. Car sous réserve d'une gouvernance rénovée, de la valorisation du savoir pilier du développement du XXIème siècle et donc d'une levée des entraves bureaucratiques qui freinent tout investissement local ou international induisant des dépenses monétaires non propositionnelles aux impacts économiques et sociaux comme en témoigne le taux de croissance modique inférieur à 3% entre 2004/2009 face à des dépenses de 200 milliards de dollars, (surcoûts, mauvaises gestion) , par une lutte contre la corruption et la mentalité rentière gr$ace à la mise en place de mécanismes de régulation transparents, passant par l'accélération des réformes micro-économiques et institutionnelles , l'Algérie recèle d'importantes opportunités d'affaires afin d'asseoir une économie hors hydrocarbures. Elle a un stock de la dette inférieur à 4 milliards de dollars, des réserves de change d'environ 144 milliards de dollars et un programme d'investissement 2009/2014 de 150 milliards de dollars. Par ailleurs c'est un partenaire stratégique en matière d'énergie pour l'Europe dont la France , 2015 comme le montre les bonnes relations entre Gaz de France, Total et Sonatrach, devant contribuer à l'approvisionnement de l'Europe pour 14% horizon 2015. Et ce à travers Medgaz (Europe via Italie qui verra son fonctionnement avec une année de retard c'est à dire 2010), Galsi (Europe via Italie) dont les travaux seront lancés courant 2010.Pour le projet Nigal Nigeria Europe via Algérie dont le financement nécessite plus de 15 milliards de dollars alors qu'il était prévu 7 à 9 milliards de dollars il est toujours en gestation. Ainsi, l'Algérie a beaucoup d'opportunités mais en étant réaliste en tenant compte des avantages comparatifs mondiaux car nous sommes à l'ère de la mondialisation, ne pouvant pas interdire à l'avenir l'importation.Aussi, pour pouvoir attirer les investissements porteurs, français ou autres, le gouvernement algérien devrait donc mette en place des mécanismes de régulation afin d'attirer des investisseurs porteurs, évitant des changements périodiques de cadres juridiques, des actions administratives bureaucratiques non transparentes source de démobilisation et qui risquent de faire fuir les investisseurs sérieux qu'ils soient locaux ou étrangers et l'important n'est pas les 49/51% mais de savoir si la création de valeur ajoutée interne est supérieure à la sortie des capitaux et il faut éviter qu'à chaque problème l'on fait une loi qui dans le droit international ne doit jamais être rétroactive mais améliorer la précédente en sécurisant les investisseurs. Car si l'on impose des personnes dans le capital des sociétés étrangères et des bureaucrates chargés de la gestion, personne ne viendra et ceux qui sont en Algérie n'investiront pas dans le long terme et attendrons l'amortissement du capital avancé avant éventuellement de repartir. On aurait alors de opportunistes soucieux seulement de partager la rente avec des Algériens désignés.D'où l'importance pour une planification stratégique, l'importance du rôle stratégique de l'Etat régulateur en économie de marché et dans le contexte actuel au niveau mondial d'instances supranationales de régulation. Pour le cas algérien, il semble bien que l'on confonde retour à l'étatisme des années 1970 avec l'Etat régulateur, l'Etatisme étant suicidaire pour le pays, comme le montre la faillite du bloc communiste et l'orientation vers l'économie de marché maîtrisée des deux fondateurs du communisme à savoir la Russie et la Chine qui s 'insèrent harmonieusement dans la nouvelle division internationale du travail. Comme en cette ère de mondialisation avec les grands espaces et les effets de la crise d'octobre 2008 qui aura pour conséquence une importante reconfiguration géostratégique et économique entre 2015/2020, il est dans l'intérêt de tous les pays du Maghreb d'accélérer l'intégration économique au sein de l'espace euro- méditerranéen et arabo-africain , si l'on veut attirer des investisseurs potentiels intéressés non par des micro- espaces mais par un marché de plus de 100 millions d'habitants pour le Maghreb , de 500 millions pour l'espace euro- méditerranéen horizon 2015 et 1,5 milliard d'âmes horizon 2020 pour le continent africain. Dépassionnons les relations grâce à un partenariat équilibré et solidaire tenant compte du nouveau défi écologique et ce loin de tout esprit de domination. Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International Professeur des Universités en management stratégique