Le médiateur de l'ONU, Martti Ahtisaari, a annoncé samedi que les dirigeants de la Serbie et du Kosovo n'étaient pas parvenus à s'entendre sur son projet de statut du Kosovo lors d'une ultime réunion à Vienne. "J'ai le regret de dire qu'il n'y avait pas de volonté de la part des parties d'abandonner leurs positions antérieures", a déclaré M. Ahtisaari lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion. "Je n'ai plus aucun doute qu'il n'y a pas de terrain d'entente commun aux positions des deux parties", a-t-il ajouté, indiquant qu'il allait maintenant transmettre le dossier "au Conseil de sécurité, qui est maître de ses procédures". Les dirigeants serbes rejettent totalement le projet du médiateur, qui consiste à octroyer au Kosovo une large souveraineté sous surveillance internationale, alors que les Kosovars albanais réclament l'indépendance de cette province du sud de la Serbie, peuplée à 90% d'Albanais. "La Serbie reste engagée à négocier une solution de compromis", a déclaré le président serbe Boris Tadic à l'issue de la réunion. Mais il a réaffirmé qu'une indépendance du Kosovo restait "complètement inacceptable" pour Belgrade. Le Premier ministre serbe, Vojislav Kostunica, a dénoncé dans le plan Ahtisaari "une violation brutale" de la charte des Nations unies. "Le document de M. Ahtisaari ne s'appuie pas sur les remarques des deux parties, mais uniquement sur la position de Pristina", a-t-il dénoncé. Borislav Milosevic, frère de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic et ancien ambassadeur à Moscou, a estimé sur la radio Echo de Moscou, que le projet n'était pas équitable. "Le plan n'ouvre pas la voie à une solution juste, c'est tout simplement une proposition d'aménager un nouvel Etat albanais sur 15% du territoire de la Serbie", a-t-il dit. Les leaders albanais du Kosovo, pour leur part, ont largement accepté le plan Ahtisaari, dans lequel ils voient "un pas très important" vers l'indépendance. Le Premier ministre kosovar albanais, Agim Ceku, a réaffirmé samedi à l'issue du sommet que le plan Ahtisaari "apporterait sûrement l'indépendance au Kosovo". Le président kosovar Fatmir Sejdiu, de son côté a insisté sur le désir de Pristina de voir "le Kosovo respecté dans ses frontières actuelles". Il a ajouté souhaiter "construire un Kosovo pour toute sa population", incluant les 5% de Serbes. Le plan propose une large souveraineté du Kosovo sous une surveillance internationale dirigée par l'Union européenne. Il préconise que le Kosovo puisse adhérer aux organisations internationales, se doter d'une Constitution, d'un drapeau et d'un hymne national.Certaines des municipalités serbes auraient droit à un certain degré d'autonomie, et les sites de l'héritage culturel et religieux serbe jouiraient d'une protection particulière. Les populations serbes déplacées (environ 100.000 personnes) auraient le droit de revenir s'installer au Kosovo.Le nouveau Kosovo, toujours selon le plan Ahtisaari, devrait être pourvu d'une police unifiée et d'une petite armée de 2.500 hommes. Cependant, le maintien du droit et de l'ordre serait toujours confié à une force internationale, et les 17.000 soldats de l'Otan présents depuis l'établissement de l'administration de l'ONU en 1999 resteraient en place, au moins dans un premier temps. Les discussions de Vienne, qui ont eu lieu au palais de la Hofburg, mettent fin à un processus de négociations de 13 mois sous l'égide de M. Ahtisaari. A Bruxelles, le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, a déclaré qu'il continuait à soutenir le plan Ahtisaari malgré son rejet par Belgrade.