L'interdiction de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux, jusqu'à la publication du décret sur le cahier des charges qui doit régir cette activité, a été prise par les pouvoirs publics aux fins de mettre un terme aux nombreuses infractions qui ont ponctué cette opération ces dernières années. Il faut dire qu'au moment où l'Algérie était en proie au terrorisme, certains exportateurs indélicats de déchets ferreux et non ferreux se sont, en effet, spécialisés dans un commerce très lucratif qui générait des profits substantiels. Sur les quelque 200 000 tonnes de déchets de métaux exportés chaque année et dont la valeur s'élève à environ 10 millions de dollars, nul ne peut estimer, aujourd'hui, les quantités exportées illégalement. L'interdiction de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux, si elle permet dans un premier temps de mettre fin aux nombreux hémorragies en devises qui grèvent lourdement le Trésor public, permettra surtout de réorganiser une activité qui ne contribue nullement à l'essor de l'économie nationale. L'Algérie est l'un des rares pays d'Afrique et du monde arabe à s'être dotée d'une industrie qui s'étend de la sidérurgie à la métallurgie. Ce tissu industriel bien en place se devait de générer une dynamique d'entraînement sur les industries de transformation, lesquelles, une fois compétitives, seront à même de concrétiser la croissance endogène tant souhaitée dans notre pays. La sidérurgie est l'une des branches porteuses recensées par les pouvoirs publics pour la croissance et le développement économique. L'expérience d'Arcelor Mittal Annaba renseigne sur les potentialités de notre pays à relever les défis dans ce secteur. Ce fleuron de l'industrie algérienne qui a retrouvé ses titres de noblesse, ambitionne d'atteindre une production de deux millions de tonnes annuellement d'ici l'année prochaine et cinq millions de tonnes à moyen terme. En exportant des déchets ferreux, nous nous privons de matière première pour notre industrie de transformation qui elle sera obligée de se priver de ses employés. En exportant des déchets ferreux, c'est de la main-d'œuvre que nous exportons.