Un baril à plus de 70 dollars serait insuffisant pour rentabiliser les investissements dans le secteur de l'énergie. C'est ce qui semble transparaître des propos du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil qui a déclaré vendredi au Caire à la veille d'une réunion de l'OPAEP, que les prix actuels du brut sont "un peu bas", en estimant qu' il y a "trop de pétrole" sur le marché faisant certainement allusion au fait que la production réelle de l'Opep est supérieure à ses quotas, et au niveau des stocks très élevés aux Etats-Unis. "Les prix sont un peu bas. Nous n'avons pas d'objectif (de prix) mais c'est bas. C'est quand même mieux que l'an dernier à la même période", a souligné M. Khelil. Tombés à 32,40 dollars en décembre dernier en raison de la récession économique, les cours du baril de brut se sont depuis redressés. Ils évoluent actuellement entre 75 et 80 dollars le baril. "La demande pétrolière arrive de Chine et d'Inde. Mais je crois que la demande américaine est importante car, si les Etats-Unis ne se rétablissent pas, alors nous aurons un problème de demande pétrolière", a néanmoins noté le ministre algérien, M. Khelil.La demande américaine n'a pas redécollé par rapport à ses niveaux de crise de l'an dernier. "S'il n'y a pas de reprise, on verra la situation s'inverser" pour ce qui est des cours du pétrole, s'est alarmé M. Khelil. Néanmoins, le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi ne semble pas partager ce point de vue estimant que les stocks baissent, le prix (du pétrole) est parfait, tout le monde, investisseurs, consommateurs, producteurs, est content". Le ministre saoudien a également estimé qu'il n'y avait "bien sûr" pas lieu de s'inquiéter du niveau élevé des stocks de pétrole, qui s'affichent près de niveaux record aux Etats-Unis. Pour M. Nouaïmi, le fait que la production réelle de l'Opep excède largement ses quotas officiels n'est pas non plus un sujet d'inquiétude. "Le respect des quotas est bon", a-t-il jugé. Pourtant, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les 11 membres de l'Opep soumis aux quotas (excluant l'Irak) ont produit 26,48 mbj au mois de novembre, dépassant d'environ 1,6 mbj leur plafond. Cela ne semble déranger outre mesure le ministre saoudien du Pétrole qui a indiqué que "tout va très bien maintenant, nous n'avons pas à réfléchir beaucoup", a-t-il affirmé, suggérant que la décision de maintenir les quotas de production de l'Opep serait aisée à prendre le 22 décembre à Luanda, lorsque le cartel tiendra sa prochaine réunion. En tout état de cause la conjoncture actuelle semble favorable à un maintien des quotas ainsi, M. Chakib Khelil a déclaré à ce propos que l'Opep n'allait probablement pas changer la production. Aussi, le ministre libyen du Pétrole Choukri Ghanem a indiqué hier que la décision de garder inchangés les quotas de production de l'Opep lors de sa prochaine réunion en Angola ne soulève "pas d'objections" entre les pays membres de cette organisation. Interrogé si la décision de maintenir les quotas faisait déjà l'objet d'un consensus entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, le ministre a répondu "oui". "Je ne pense pas qu'il y ait d'objections" contre un maintien de la production, "je pense qu'il faut demander un meilleur respect de quotas de production", a toutefois affirmé le ministre qui se rendait à une réunion de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep). L'Organisation a décidé de maintenir ses niveaux actuels d'extraction fixés depuis janvier dernier à 24,84 millions de barils par jour. Ainsi, le cartel réexaminera ses niveaux de production à Luanda, en Angola, le 22 décembre. Ils sont fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier 2009. Pour faire face à une brutale contraction de la demande mondiale, l'Opep s'était engagée en décembre 2008 à réduire drastiquement sa production, retirant 4,2 mbj du marché. "Nous ne devrions pas toucher à quoi que ce soit", a affirmé le chef de la compagnie libyenne de pétrole, Chokri Ghanem. Le ministre qatari Abdallah al-Attiyah s'est également déclaré en faveur d'un maintien des quotas de production, jugeant le marché "très équilibré". Interrogé sur le niveau très élevé des stocks pétroliers aux Etats-Unis, le ministre a reconnu qu'ils "étaient à leur niveau le plus élevé de l'Histoire", mais que les Etats-Unis "avaient le droit" d'avoir de telles réserves. Le niveau des stocks pétroliers n'a pas empêché le redressement des cours du brut, et il semble moins inquiéter les ministres du Pétrole que par le passé.