Ford a annoncé, vendredi 15 septembre, une accélération de son plan de restructuration, qui vise à réduire d'un tiers ses effectifs en Amérique du Nord. Le constructeur automobile américain prévoit ainsi la suppression de 38 000 emplois d'ici à 2008, sur un total de 130 000. Dix mille cadres sont concernés. Ce chiffre s'ajoute aux 4 000 déjà partis depuis le début de l'année. Le reste des suppressions vise les employés affiliés au syndicat du secteur automobile, l'United Auto Workers (UAW). Près de 75 000 personnes sont potentiellement concernées. Ford a annoncé en outre la fermeture de deux usines supplémentaires, ce qui porte à seize le nombre de sites touchés par la restructuration. Ford emploie 300 000 personnes dans le monde, dont 130 000 en Amérique du Nord. Dans ses 110 usines, le constructeur a fabriqué, en 2005, 6,8 millions de véhicules. Ford est troisième mondial derrière General Motors et Toyota. Sa part de marché aux Etats-Unis s'élève à 17 % contre 25 % en 1995. DaimlerChrysler chute en Bourse après un avertissement sur ses résultats. DaimlerChrysler a lancé, vendredi 15 septembre, un sévère avertissement sur ses résultats 2006, à cause de nouvelles difficultés chez sa filiale américaine Chrysler. Le groupe allemand mise désormais sur un bénéfice d'exploitation de près de "5 milliards d'euros" cette année, contre "plus de 6 milliards d'euros" attendus auparavant. L'action DaimlerChrysler a chuté, vendredi, de 5,57 %, à 39,18 euros, à la Bourse de Francfort. Sur l'ensemble de l'exercice, Chrysler devrait essuyer une perte d'exploitation de près de 1 milliard d'euros, alors que le groupe attendait jusqu'à présent un exercice 2006 à l'équilibre. A l'instar de General Motors (GM) et de Ford, ce constructeur est confronté à des engagements financiers très lourds en matière de couverture santé et retraite de ses salariés. Beaucoup de ses modèles, gourmands en carburant, viennent gonfler les stocks de ses concessionnaires, qui sont obligés d'accorder aux clients potentiels d'importantes ristournes. Même si ces derniers mois Chrysler a mieux résisté que GM et Ford à la concurrence des japonais et des coréens, le groupe est en perte de vitesse. Pour redresser la barre, Chrysler va imposer de nouvelles réductions de production aux troisième et quatrième trimestres. Il va par ailleurs lancer, d'ici à la fin de l'année, une série de huit nouveaux modèles moins gourmands. Le constructeur américain avait déjà annoncé en janvier la suppression de 30 000 emplois. Mais le groupe a été rattrapé par une conjoncture difficile. "Des changements significatifs, que nous n'avions pas anticipés, sont intervenus depuis janvier", plaide Mark Fields, le patron de Ford pour l'Amérique du Nord. La hausse du coût des matières premières et la chute des ventes de 4 × 4, à cause de l'envolée des prix du pétrole, ont accéléré la dégradation de la rentabilité de Ford, qui a affiché au premier semestre une perte de 1,4 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros). Le groupe pourrait terminer l'année avec un trou de 9 milliards, selon des documents internes cités, jeudi, par le quotidien Detroit News. Désormais, le retour à la rentabilité se fera au mieux en 2009, alors que jusqu'à présent le groupe parlait de 2008. Ford est pris dans une spirale infernale, qui le contraint semestre après semestre à adapter ses capacités de production à des ventes qui se réduisent comme peau de chagrin. Celles-ci ont chuté de 20 % en l'espace de cinq ans et, du fait de modèles mal adaptés à la demande, la dégringolade risque de se poursuivre. Le constructeur table à court terme sur une part de marché de 14 % à 15 %, contre 17 % aujourd'hui. Dans ce contexte, Ford a donc décidé de réduire de 26 % ses capacités de production en Amérique du Nord. L'objectif est de revenir à un taux d'utilisation de ses usines comparable à ceux de ses principaux concurrents. En 2005 les usines américaines de Ford tournaient à 79 % de leurs capacités, contre 90 % pour General Motors et 94 % pour Chrysler. Les salariés ne seront pas les seuls à se serrer la ceinture, les actionnaires sont également mis à contribution : Ford a annoncé la suspension du versement du dividende trimestriel. A l'issue du plan, Ford vise une économie de 5 milliards de dollars par an sur ses coûts opérationnels. Mais cette stratégie malthusienne risque de ne pas être suffisante. Car Ford ne s'attaque pas véritablement aux causes de ses difficultés : le manque d'attractivité et de compétitivité de ses voitures face à des constructeurs japonais et coréens qui anticipent mieux les demandes des clients. M. Fields a bien lancé quelques pistes, en promettant de "significativement améliorer 70 % des gammes Ford, Mercury et Lincoln".