Alors que les caractéristiques de la grippe saisonnière et de la grippe porcine ne sont pas comparables, la grippe A/H1N1 se caractérise par des formes graves et les antiviraux permettent d'éviter l'émergence de ces cas. Par ailleurs, le scandale à propos d'une collusion éventuelle entre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et certaines grandes compagnies prend de l'ampleur. Les journalistes danois ont accusé l'OMS d'avoir cédé à la pression des experts liés aux compagnies pharmaceutiques et d'avoir élevé sciemment le niveau de menace de la grippe porcine. Comme on l'a appris ces jours-ci, les médicaments Tamiflu et Relenza recommandés par l'OMS n'ont presque aucun effet sur les complications dues à la grippe, y compris la pneumonie. De son côté, le médecin hygiéniste britannique Tom Jefferson, qui dirige un groupe de chercheurs, a confirmé dans une interview accordée à BFM.ru que l'OMS était effectivement très étroitement liée aux géants pharmaceutiques. Il a indiqué que "notre travail est une synthèse des résultats de nombreuses études. Mais nous n'avons pas réussi à obtenir de preuves que le Tamiflu ou le Relenza agissent sur le virus provoquant une pandémie. Alors que l'Organisation mondiale de la santé recommande justement ces médicaments contre la grippe porcine. Il en découle deux variantes: soit l'OMS choisit de façon insuffisamment minutieuse les médicaments et les recommandations aux gouvernements, soit il s'agit d'une collusion entre les fonctionnaires et les grands pharmaciens". A ce sujet, M. Jefferson a souligné qu'il ne croit pas aux complots, mais certaines choses l'inquiètent. Premièrement, début mai, l'OMS a changé la définition de la pandémie. Personne n'a expliqué qui a retiré le taux élevé de mortalité de la liste des facteurs déterminant la pandémie et pour quelle raison. Dans ce cadre, il a déclaré que les experts des comités de l'OMS entretiennent de larges contacts avec l'industrie pharmaceutique ou d'influentes personnes qui, d'une année à l'autre, rivalisent de prévisions apocalyptiques. Voici une remarquable citation du livre "Epouvante" de Philip Alcabes (professeur à l'Université de la Ville de New York, BFM) : "Nous devons être prêts à l'annonce d'une pandémie de telle ou telle grippe, car certains ont intérêt à recevoir des subventions". "Il est plus qu'avantageux pour ces gens de persuader les organisations distribuant des subventions qu'une terrible peste est sur le point de s'abattre sur l'humanité", a-t-il ajouté. "Ces deux exemples relèvent de conflits d'intérêts évidents, mais, on ne sait pourquoi, personne n'y prête attention". Selon le chercheur, "il semble que l'OMS soit étroitement liée à l'industrie pharmaceutique". "Quant aux vaccins et aux antivirus, ils sont, en général, une idée fixe de l'organisation". Ainsi, "dans son récent document sur les mesures à prendre contre la grippe, l'OMS mentionne une seule fois la nécessité de se laver les mains et de porter des masques, des gants et des blouses de médecins, contre 24 à 18 fois les vaccins et les antivirus", a noté M. Jefferson. Par ailleurs, et répondant à une question sur l'importance d'annoncer la pandémie de grippe porcine par l'OMS, il a souligné qu'"il est toujours plus facile de brandir les poings après la bagarre. Je répète depuis octobre 2005 que la grippe est devenue une industrie et que les preuves scientifiques de l'efficacité des antivirus et des vaccins sont insuffisantes, pour ne pas dire plus". D'autre part,il est clair que la panique mondiale est causé par le manque d'informations sur ce virus. Selon M. Jefferson, "les deux grippes ne présentent pas un grand danger. Tout simplement, nous n'avons pas de renseignements précis, alors que les chiffres qui vous sont présentés ne sont pas confirmés". Rappelant, dans ce cadre que la ministre polonaise de la Santé a refusé d'autoriser la vaccination contre la grippe porcine tant qu'il ne sera pas prouvé que ce vaccin est absolument inoffensif. "Je ne me fierais pas trop aux médicaments antivirus et je proposerais de mettre l'accent sur l'hygiène, le lavage des mains, le port de masques, de gants et de blouses de médecins", a-t-il indiqué finalement. Zineb B.