A quelques heures de la fin du sommet des Nations unies sur la lutte contre le réchauffement climatique, les dirigeants de 27 pays présentés comme représentatifs des grandes régions du monde et le président de la Commission européenne se sont réunis en urgence pour tenter de sauver les négociations. Les négociations portent désormais sur une déclaration politique qui viendrait chapeauter les deux textes plus techniques négociés ces deux dernières semaines à Copenhague : l'un sur un prolongement du protocole de Kyoto, le seul instrument légal en vigueur sur la réduction des gaz à effet de serre, l'autre sur un nouveau traité qui le remplacerait à l'avenir. Ce nouveau texte-chapeau a été âprement discuté toute la nuit du jeudi, par une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement qui pilotent les négociations, et qui se retrouvaient, hier. Dans ce groupe restreint, se retrouvent des représentants de tous les blocs régionaux : les pays industrialisés avec l'Américaine Hillary Clinton, l'Allemande Angela Merkel, ou encore le Français Nicolas Sarkozy. Les pays émergents, avec le brésilien Luis Ignacio Lula da Silva et des représentants de la Chine, de l'Inde ou de l'Arabie Saoudite. Les pays en développement avec notamment l'Algérie, le Soudan et Afrique du Sud. Différents volets se retrouvent dans ce texte qui a été soumis, hier après midi, à l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement. Un engagement à limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, par le biais d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le second volet concerne le financement qui reprend le chiffre de 100 milliards d'aide par an d'ici 2020 pour les pays les plus vulnérables au réchauffement de la planète et enfin, la volonté de transformer cet accord politique en texte plus contraignant juridiquement " dans les 6 mois ". La voie étroite de Barack Obama Le Président américain, arrivé, hier, à Copenhague, doit faire face à des attentes considérables. Mais il ne faut pas attendre grand-chose sur les émissions de gaz à effet de serre. Le chef de la Maison Blanche s'est déjà engagé sur une réduction de 17% d'ici 2020 par rapport à 2005, ce qui représente une baisse de 4% par rapport à 1990, l'année de référence du protocole de Kyoto. C'est beaucoup moins que l'Union européenne par exemple, dont l'objectif est de moins 20%. Mais Barack Obama a très peu de marge de manœuvre sur ce volet tant que le Congrès n'a pas voté de loi sur le climat. Ce qui est probable, en revanche, c'est que le chef de la Maison Blanche dévoile de nouveaux engagements chiffrés sur le volet financement de l'aide pour les pays les plus vulnérables aux changements climatiques. Washington a déjà fait un pas important le 17 décembre, lorsque Hillary Clinton a annoncé que son pays était prêt à contribuer au pot commun de 100 milliards de dollars par an à l'horizon 2020. Par cet engagement, qui ne repose sur aucun chiffre concret, les Etats-Unis ont indéniablement réussi un coup tactique en apparaissant comme le pays qui a permis de relancer un processus complètement bloqué ces derniers jours. C'est sur un engagement formel sur un nouveau traité sur le climat, que Barack Obama est attendu. Un traité qui prendrait le relais du protocole de Kyoto, et que les Etats-Unis n'ont jamais ratifié. Pour cela, il faudra aussi obtenir des concessions de la Chine. Une rencontre est d'ailleurs prévue dans la journée entre le président américain et le Premier ministre chinois. Les pays en développement, dont particulièrement le groupe Afrique présidé par l'Algérie, misent non seulement sur le caractère contraignant de l'éventuel futur accord, aligné sur l'esprit de Kyoto, mais aussi sur le strict respect des engagements en matière de réduction des émissions polluantes. Les engagements annoncés par les pays industrialisés à l'horizon 2020 représentent, selon une procédure cumulative, une baisse d'environ 12% à 16% de leurs émissions par rapport à 1990, placée bien en-dessous de la fourchette de 25% à 40% soutenue par les scientifiques. Les négociations ont alors glissé à la périphérie de cette question de fond, sous la pression des Etats-Unis qui entendent amener les pays pauvres à payer la même facture que les pays riches, dans le financement de la lutte contre le réchauffement climatique. En outre, les aides accordées aux pays les plus vulnérables au changement climatique sont considérées par les pays pauvres comme insuffisantes. La seule alternative qui a émergé est une aide immédiate totale de 10 milliards de dollars par an sur trois ans dès 2010. Le "Niet" motivé de l'OPEP L'approche, jugée pénalisante, des pays riches s'est aussi exprimée, par exemple, sur le dossier de la taxe carbone censée réprimer les pollueurs. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) rejette cette proposition occidentale "qui n'est ni dans l'intérêt des pays producteurs ni dans celui des pays consommateurs, contraints à payer un pétrole et un gaz beaucoup plus chers, si cette taxe est imposée", a expliqué mercredi à la radio le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. La taxation du pétrole et du gaz coûterait aux pays producteurs environ 3.000 milliards de dollars d'ici à 2050 en termes de manque à gagner à l'exportation et se traduira par une augmentation des prix de ces énergies, et donc une diminution de la demande des pays consommateurs qui vont s'orienter de plus en plus vers les énergies renouvelables. Autour de ces différents points, des négociations informelles entre pays riches se sont tenues en marge du COP-15, et les pays en développement craignent " un coup de force" à travers ces procédures jugées "non transparentes" et visant à imposer au monde un texte "tombé du ciel", selon l'expression du représentant de la Chine aux négociations.