Dans une ville martyre, Ghaza, se déroule comme si implacablement la vie s'imposait sur la mort, le première festival du film de Ghaza à l'occasion du rendez-vous d'El Qods capitale de la culture arabe. En ouverture du bal de cette fête du cinéma qui se déroule dans une contrée blessée un milliard de fois, le film de Ahmed Rachedi, " Mustapha Benboulaid", une commande du président Bouteflika qui lui même a vu le film lors de sa sortie durant le ramadhan 2008. Le film a déjà été consacré dans de nombreux pays arabes, notamment tout récemment, en Syrie où la décision avait été prise par les autorités d'en assurer la diffusion dans toutes les salles de cinéma et dans les écoles, lycées et universités du pays. "C'est un immense honneur pour la Révolution algérienne et un hommage considérable à l'un de ses héros que ce soit le film "Benboulaid" qui ait été choisi par les autorités palestiniennes pour inaugurer le 1er festival du cinéma" a indiqué, Ahmed Rachedi, a ajoutant qu'"il y avait une très forte demande du film par beaucoup de pays". Le lion de laRrévolution algérienne tel est le nom de cet homme assassiné comme tant d'autres noms de la révolution. Mais par qui ? Le film ne le dit pas. Le président de la République aimerait que cette oeuvre soit diffusée dans les écoles. Ahmed Rachedi, réalisateur qui explore principalement le terreau troublant de la révolution avait également signé, "L'opium et le bâton ", l'œuvre éponyme de Mouloud Mammeri sur la révolution en milieu rural. Dans le film Ben Boulaïd, Sadok Bekkhouche, qui signe le scénario originel, un scénario classique, où la vie de Mustapha Benboulaïd est évoquée de manière tranquille mais frontale, le militant n'est pas encore un homme accompli. Il perçoit les inégalités et les injustices d'une colonisation qui s'impose aux Algériens avec une poigne de fer. Inéluctable voie de sortie : la Révolution. On apprend également avec Bekkhouche l'évolution vers le syndicalisme et la lutte militante dans les milieux ouvriers. Benboulaïd est un être sensible, ayant une dimension humaine riche. Il met un point d'honneur à mettre au service de l'Algérie toutes ses richesses. Le film, selon le premier script, se déroule ainsi. Puis, Ahmed Rachedi prend le chemin d'un allant hollywoodien. Il veut que Benboulaïd soit cinématographique, grandiose, digne d'un péplum. Sur plus de 500 comédiens, c'est Hassan Khechache, médecin affable et comédien à ses heures perdues, qui fait le grand saut… au point de se casser quasiment une hanche pour incarner le grand chahid. Le jeu est correct, la direction d'acteurs est impeccable. Quelques plans sont d'anthologie, mais Ahmed Rachedi possède cette méchante manie d'improviser, malgré la préparation de régisseurs et d'équipes diverses (décorateurs, producteurs, …) qui ont sué sang et eau pour honorer cette œuvre du cinéma. On constate qu'il travaille sans plan précis et toute l'équipe peut jurer que jusqu'à ce jour, nul ne peut se vanter d'avoir eu un scénario complet du réalisateur. Si l'on connaît le nombre d'équipes en déco, accessoires, régie et directeurs photos qui ont été réquisitionnées pour ce film, on serait effarés et donc très peu étonnés de relever des incohérences graves comme, par exemple, des chapelets de faux raccords, ou encore d'erreurs de montage qui tranchent à l'écran, sans oublier les quelques notes historiques qui prennent dans ce film des voies quelque peu insolites. Voilà ce qui se passe quand des chefs déco travaillent des mois durant à se documenter et à donner des indications, sont ignorés du fait que des accessoiristes ne suivent pas ces indications parce qu'un peu trop proches d'un réalisateur qui fait fi de celles-ci. Le film paie ces incohérences, et dans le cinéma, certaines actions ne pardonnent pas puisque cela se révèle à l'écran. Un film se monte, se prépare et se réalise en équipe, et si cette dernière n'est pas soudée, l'écran et le public resteront de marbre ou exploseront de rire sur un film qui n'est pas comique dans son fondement. Il est à souhaiter que cette œuvre, au demeurant très bien menée sur de nombreux points, soit au moins revue pour une meilleure appréciation du grand public qui ne manquera pas d'en apprécier la teneur autant artistique qu'historique. Par Yasmine Ben