Avait-il été prévu et programmé que l'interdiction des crédits véhicules allait survenir à ce moment et pas à un autre et qu'il en serait de même pour les crédits consommation ? Certains voudraient les expliquer par le surendettement des ménages alors qu'il faudrait mieux replacer ces mesures dans un double contexte. D'abord, il s'agit de diminuer la facture des importations pour dégager des bilans positifs dans les balances des paiements ou des échanges commerciaux. Ensuite, le risque de l'entame de nos réserves en devises est bien réel, depuis notamment la chute des cours du baril de pétrole. Ensuite, de plus en plus, il paraît que cette situation de difficultés économiques ne relève pas d'une conjoncture, car elle dure depuis au moins la crise de 1986 qui a commencé dans notre pays. Pas assez d'emplois, trop d'importations, des investissements qui ne participent pas au développement, un nord du pays étouffé par rapport au Sud désertifié en plus par les populations, et pas seulement par les investissements, le désert qui gagne sur le Nord. Certainement pas d'une conjoncture, mais d'une tradition depuis la crise financière de 1986 entrée en conjonction avec une baisse drastique des cours du baril de pétrole dans le contexte très durable où le fonctionnement de l'économie reposait et continue d'ailleurs à reposer, vingt-deux années plus tard, absolument sur les dépenses publiques, et donc les ressources en provenance de la vente des hydrocarbures. Ce sont toujours les mêmes enjeux qu'il faudrait gagner, les mêmes défis qu'il faudrait relever et le même constat qui est reproduit et qui revient constamment sur la table. C'est de toute façon un discours durable qui a traversé tous les gouvernants successifs. Sur quoi se basait le pouvoir de la décennie 80 pour expliquer que même s'il se produisait une crise économique dans le monde, notre pays en serait épargné ? Pourquoi s'en est-il trouvé pour affirmer qu'au lendemain de l'actuelle crise financière internationale notre pays en sera épargné ? Il devrait bien s'agir d'un changement de mentalités par rapport au monde, dont le pays a besoin.