En principe, l'homme n'est pas né avec des aptitudes et un penchant à être corrupteur ou corrompu. Il ne s'agit pas d'un phénomène héréditaire. De toute façon, il n'y a pas tout à fait de consensus sur les conditions qui ont créé des corrompus et des corrupteurs, si on se réfère aux différentes positions exprimées à ce sujet aussi bien par les personnalités de tous bords et de tous les domaines, que par les partis politiques. Il aurait fallu des statistiques dans les domaines où la corruption sévit, et étudier à la fois les vulnérabilités des fonctionnaires et les insuffisances des institutions. Le président de la République avait lui même affirmé que la corruption est un facteur pouvant mettre la sécurité nationale en danger. Belkhadem et Louiza Hanoun quant à eux, avaient dénoncé mais mollement la corruption politique qui consiste à acheter des voix, notamment pour ce qui avait concerné l'élection sénatoriale. Mollement car ils n'avaient pas déposé plainte devant la justice. Plus grave encore, pour ceux qui sont supposés participer au pouvoir, à savoir parmi eux Soltani du HMS, ce dernier avait annoncé détenir des dossiers. Encore plus grave, Soltani, lors d'une déclaration au quotidien " Liberté " avait dit que le Président devrait prendre des sanctions à l'encontre des corrompus. Pourquoi le Président ? Lorsque des hauts fonctionnaires dont les fonctions sont révocables et temporaires ont des salaires " ridicules " comparés à ceux des parlementaires, soit parfois trois fois moins, ne serait-ce pas une incitation à trouver des sortes de compensation ? N'avait il pas été tenté de justifier la nécessaire augmentation des salaires pour les magistrats en se basant sur l'argumentation selon laquelle il faudrait les mettre à l'abri de la tentation ? Nombre d'observateurs ne divergent pas trop sur le fait que les conditions institutionnelles qui régissent les régies de la vie publique, la vie économique et l'ascension dans les hiérarchies sociales déterminent en partie les comportements. Pour ceux qui sont proches de l'opposition, pour ce qui concerne les milieux politiques, l'absence de contre- pouvoir y contribue de beaucoup, car sans contre pouvoir, il ne peut y avoir de bonne gouvernance et sans démocratie,- il ne peut y avoir de contre. Le fait même qu'il fut allé jusqu'à la création d'un observatoire sur la corruption prouve d'abord qu'il est admis qu'il peut s'agir d'un mal endémique, que celle-ci est un handicap à la fois au développement économique même et à la cohésion sociale et que les pouvoirs publics au plus haut niveau sont déterminés à l'endiguer. Le fait également qu'il soit annoncé qu'une autre structure va être créée pour lutter contre la corruption s'expliquerait probablement par le constat qu'il faudrait passer de l'observation à la lutte contre le fléau de façon opérationnelle. Seule une volonté politique doublée d'une analyse au plus près de celui-ci pourrait permettre la mise en œuvre de thérapies adaptées.