La nouvelle ville Ali-Mendjeli, qui se développe à vue d'œil, se singularise autant par son caractère de désengorgement de la cité du vieux Rocher, affiche aussi certaines lacunes très décriées par ses habitants. Une des insuffisances constatées est l'impressionnant carrefour du centre-ville, situé au lieu-dit Cosider, où convergent quatre grandes artères pourvues, chacune, de deux voies. Un carrefour situé en plein coeur de cette localité futuriste, par ailleurs bien structurée, parcourue de larges avenues et cernée de superbes tours d'habitation, d'élégants immeubles et de sièges d'organismes étatiques et privés. Un carrefour dépourvu de rond-point, au centre duquel il est facile de se représenter une immense circonférence d'une centaine de mètres de diamètre et dont la traversée, aussi bien par les véhicules automobiles que par les piétons, relève souvent du parcours du combattant. Il ne se passe pas un jour en effet sans qu'un long crissement de pneus, malheureusement souvent suivi par le choc des tôles, ne fasse précipiter tous les riverains à leurs balcons. Placé sur le tracé de plusieurs cités urbaines, le carrefour central de la nouvelle ville est un passage obligé pour tous les véhicules se rendant à Aïn Smara, ainsi que pour les milliers de personnes qui empruntent le transport public pour aller travailler chaque matin à Constantine ou dans l'un des quartiers périphériques de Ali-Mendjeli, qui abrite une bonne douzaine de sièges d'administrations ou d'entreprises, ou plus simplement pour les nombreux quidams obligés de traverser le carrefour pour rejoindre leurs domiciles dans différentes cités d'habitation. Abdelmadjid Lazreg, chauffeur de taxi, se demande, lui, si l'on peut imaginer qu'une ville abritant 3 lycées, 8 CEM et 13 groupes scolaires, en plus des autres écoles en construction, puisse souffrir d'une telle "indigence" en matière de signalisation routière. Pas le moindre panneau pour gérer le flux de véhicules qui convergent incessamment vers cette ville en chantier, dit-il, notamment les poids lourds qui transportent les agrégats des carrières de Ain Smara, les véhicules de transport commun dont les arrêts longent le boulevard principal et qui obligent les gens à de véritables slaloms pour traverser. Les soeurs Khadija et Ghania Nasrallah, accompagnées de leur amie Nadjoua, toutes trois collégiennes, se rappellent encore leurs voisins, les jumeaux Hassene et Hussein, dont la moto a été violemment fauchée par un semi-remorque descendant à contresens l'avenue de l'ALN, immense artère centrale s'il en est. Depuis ce jour, jure la benjamine du trio, "nous traversons la main dans la main en priant le ciel d'être épargnées, ce qui ne nous a pas empêchées d'échapper plusieurs fois à des fous du volant". Contacté à ce propos, le chef de la daïra d'El Khroub, dont relève administrativement la nouvelle ville, fait savoir qu'une "enveloppe conséquente" a été mise en place pour la réalisation d'une signalisation routière. Mais il se trouve que l'inscription de cette opération salvatrice est au stade des propositions par la commission de wilaya en charge des programmes d'aménagement urbain. En attendant, Khadija, Ghania, Nadjoua, Mourad et tous les autres ne peuvent que prendre leur mal en patience et continuer de jouer à "cache-cache" avec de nombreux chauffards dont le civisme n'est assurément pas le point fort et vient s'ajouter à d'autres négligences. Et dire que l'on parle avec insistance ces jours-ci de respect du code de la route, le nouveau, et, plus précisément, de l'une de ses dispositions pertinentes qui prévoit de verbaliser aussi les piétons lorsqu'ils sont jugés en infraction.