25° à Tam ce dimanche. Pas besoin de veste ni de parapluie, les organisateurs du festival international des arts de l'Ahaggar qui ont prévu d'ouvrir le bal de ce premier rendez-vous artistique, à la place du premier novembre, en plein air, n'ont pas changé leur programme. Le décor était planté tôt le matin ce dimanche, à côté de la maison de la culture de la ville, où il y avait une expo permanente intitulée " Ksour protégés d'Algérie, entre pierre et terre ". Pas grand monde dans le hall. Quelques festivaliers étaient là pour le travail. A Tam, où l'on sent une grosse pollution, un ennui chronique, il faut partir du côté de la maison de la culture pour se rendre compte qu'un événement se prépare. Des affiches grandioses flottent sur les murs de cet espace, une kheïma folklorique avec plein d'ustensiles targuis est gardée par une vieille qui ventilait un feu pour faire du thé, les techniciens sont absorbés par l'installation rigoureuse de la scène où doivent se produire un tas d'artistes du voisinage, comme la malienne OUMOU SANGARE et son compatriote SAMBA Touré. Comme le sud a cette pathétique particularité de débrayer les gens, alors tout le monde peut parler à une OUMOU SAN-GARE, grande, forte et belle et qui dit qu'Alger est une très belle ville. " Elle me fait rappeler le vieux Paris. " Je viens ici pour la première fois, ça me plait " clamait-elle, les yeux rougis de sommeil à minuit, toujours dans l'avion Alger-Tam. Son compère Samba Touré, teint basané, chapeau en cuir est tout aussi heureux d'être l'un des convives de luxe de ce rendez-vous. Luxe ? pas vraiment, tout le monde est logé dans l'unique hôtel considéré comme huppé le Tahat. Un établissement qui a gardé " un look " vieillot des années 70. Ce dimanche, les festivaliers avaient quartier libre. Pas d'événement majeur sauf une petite visite au musée de la ville où un guide expliquait sur des cartes géographiques qu'il existait pas loin, de 2 millions de km de parc protégés. Personne n'a rien vu, sauf sur les cartes. Les gens de Tam qui n'ont pas souvent la chance de s'amuser ne semblaient pas trop savoir, ce qui se préparait dans leur ville. " Le festival de Tin Hinan " disaient deux jeunes filles qui arrêtaient un taxi. 50 DA la course, les clandestins, on les arrête aussi, pour le même prix, mais pas devant les barrages. Depuis le décès, il y a deux ans de SAMADAT, le responsable du festival annuel de Tin Hinan, ce rendez-vous qui commençait à s'implanter dans la région, n'existe plus. Alors, toutes les fêtes semblent s'associer à cet événement. " C'est payant ou c'est gratuit ? Oui, je pense qu'il va y avoir une fête à la place du premier novembre " avoue un taxieur clandestin, 27 ans d'âge. Le festival international des arts de l'Ahaggar, fait partie de tant de rendez-vous qu' a créés le ministère de la Culture pour promouvoir ou plutôt pour défendre le patrimoine matériel et immatériel. Juste un mot, le seul Ksar des alentours qu'on a visité, est une véritable décharge publique. Les sacs, les tonnes de détritus qui y patientent inspirent la peur. Jusqu'au 20 février prochain, ce rendez-vous propose comme menu beaucoup de conférences-débats sur la préservation du patrimoine : en moyenne cinq par jour. Il n'est pas sûr que les discours d'universitaires et de chercheurs, intéresseraient grand monde dans une contrée où les loisirs sont inexistants, le niveau culturel pas terrible. Tout au long de cette rencontre, un campement est prévu à Abalessa, l'ancienne capitale de l'Ahaggar. C'est là d'ailleurs que se trouve le fameux tombeau de Tin Hinan la mère et la reine des Touareg. L'on prévoit de nombreuses projections de films produits par l'ENTV dont " Si Timimoun m'était contée " de Bouzid, des communications, des soirées Imzad avec CHTIMA et la poète Ighiba de Tin Tarabine, des projections de dessins animés africains, déjà vus, il y a plus de deux ans, à Alger, comme " Azur et Asmar " " Le Kirikou " et d'autres lectures de contes et légendes. Plein de rendez-vous dans ce rendez-vous, le tout c'est de savoir si les gens de Tam y seront. De notre envoyée spéciale