Produit nécessaire à l'alimentation de tout un chacun, le poisson a déserté depuis plusieurs mois l'assiette du consommateur algérien. Même la sardine, qui fut un temps un met incontournable des menus de tous les ménages algériens, est devenue à un prix moyen de 200 DA le kilo inaccessible. En fait, les prix des poissons, notamment le poisson blanc, ont pris la tangente depuis plusieurs années, avec une moyenne de 800 DA pour le merlan, la lote ou le chien de mer, alors que les fruits de mer et autres crustacés restent inabordables : 1.500 DA/kg en moyenne pour la crevette rouge, jusqu'à 2.500 DA/kg la langouste et la cigale, alors que le mérou est cédé à plus de 1.000 dinars le kilogramme. Une situation expliquée par les professionnels de la pêche par le recul de la production. Ces derniers protestent d'ailleurs contre le manque de matériel et de la ressource halieutique. Selon des marins pêcheurs de l'ouest du pays, le problème est moins la disponibilité de la ressource halieutique, notamment les poissons demersaux, que le manque de matériel moderne de pêche. La production halieutique nationale est, bon an mal an, en moyenne de 187.000 tonnes, et peut aller jusqu'à 220.000 tonnes les bonnes années. Mais elle reste en deçà des objectifs tracés par les pouvoirs publics pour porter à au moins 8-10 kg de poisson consommé par an par chaque algérien. Pour développer le secteur et l'intégrer dans la dynamique du développement national, un programme devant permettre la production de quelque 274.000 tonnes de poisons a été mis en place par le ministère de tutelle. Lancé depuis l'année 2 000, ce programme, intitulé "Plan d'orientation du développement des activités halieutiques et d'aquaculture", vise à valoriser la ressource halieutique, tant maritime que continentale, pour atteindre à l'orée 2025 une production d'environ 221.000 tonnes pour la pêche maritime et 53.000 tonnes pour la pêche continentale à travers les différents projets d'aquaculture. Aussi, selon un bilan du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, le secteur a réceptionné 90% des projets d'investissement soutenus par l'Etat dans le cadre du plan quinquennal de soutien à la croissance (2005-2009). Sur un total de 582 projets ayant bénéficié du soutien de l'Etat durant les cinq dernières années, 524 ont été réceptionnés, soit un taux de réalisation de 90%, les 58 projets restants sont en cours d'achèvement, selon la même source. Le secteur a également enregistré, en 2009, une quinzaine de projets d'investissement publics et privés dans le domaine de l'aquaculture. Néanmoins tout ce programme n'a pas encore atteint ses objectifs selon les spécialistes. Selon un récent bilan du syndicat national des marins-pêcheurs, seuls 25% des ressources halieutiques disponibles sont exploités. "Non, il n'y a pas de surpêche en Algérie", estiment des membres du syndicat national des marins-pêcheurs, qui pointent cependant leurs accusations sur certaines méthodes de pêche répréhensibles comme la pêche à la dynamite. Il va sans dire que celle-ci détruit non seulement les stocks de poissons migrateurs comme les demersaux, les poissons sédentaires près des côtes, mais surtout l'environnement marin, et donc menacent l'existence même des différentes espèces de la faune et la flore marine des côtes algériennes. Le poisson est devenu, en attendant la concrétisation des projets du ministère de la pêche, "un produit alimentaire de luxe" en Algérie, et le taux de consommation, selon les exigences de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), reste très bas, avec seulement 5,5 kg par habitant et par an.