Il y a ainsi de ces actions qui s'amorcent pour certaines raisons indépendantes de la volonté de ceux qui prennent le train qui leur est désigné, et qui s'interrompent parce que débarqués également en dehors de leur volonté. Peut-on dire, en conséquence, qu'il n'y a pas la continuité des grandes questions étatiques tant sur le plan politique que sur le plan économique ? L'Afrique et les pays en développement, les pays arabes par exemple, ont besoin de développement, d'une coopération qui ne signifie pas une guerre économique, d'une politique internationale d'échanges créatrice d'emplois durables et non pas de confrontations sous forme de concurrence impitoyable, où les vainqueurs sont connus d'avance. Des discours portés par ce type de revendications ont été à maintes fois prononcés par les pays en développement sous forme d'appel à l'aide et n'ont reçu de la part des pays industriels que des promesses. Or, il y a des urgences qui s'expriment de la part de tels pays. Devant l'accroissement inévitable du chômage et du risque de mouvements sociaux qui tendraient vers la violence, qui donneraient éventuellement des argumentations supplémentaires au terrorisme , qui ne manqueraient pas l'occasion de faire des campagnes de recrutement pour renouveler leurs effectifs et donc aggraver la situation de sécurité et d'instabilité, les parades socioéconomiques devraient être mises en œuvre beaucoup plus rapidement que ça l'est. Il y a également des risques d'effondrement des industries que ces pays ont mises en place au prix d'un endettement important et donc les risques de faillites des entreprises avec leur inévitable cortège de licenciements et donc de perturbation sur le front social. De tels pays devraient être aidés à protéger leur marché intérieur. Des zones africaines de libre-échange ? Plutôt une zone africaine de libre échange des produits importés d'ailleurs et vendus sur le marché intérieur africain et non pas des produits fabriqués en Afrique même. Il n'y aurait ainsi que les pays en développement à ne pas protéger leur marché intérieur. Quand bien même qu'il y ait des accords internationaux tendant à l'ouverture des marchés intérieurs, le patriotisme économique prendrait fatalement le pas sur le sacrifice des engagements internationaux. De quelle coopération ont besoin les pays africains ? Des géants de l'économie s'amusent à créer des obstacles à la pénétration de leur marché. Il faudrait bien poser tous les termes de l'équation. On se rappelle de la concertation au sein des pays de l'alliance pour opposer un front au textile chinois, au point même de vouloir exiger des Chinois qu'ils alignent leurs normes sociales sur celles des pays occidentaux. Les pays occidentaux s'opposaient ainsi à l'entrée sur leur territoire de produits à bas prix tandis que le traité constitutionnel européen avait été rejeté par les Français, rejet motivé par l'épouvantail " ouvrier polonais ". L'ouverture du marché intérieur aux produits à bas prix concurrencerait ainsi les produits fabriqués localement, amènerait la fermeture ou la délocalisation des entreprises locales, ferait augmenter le chômage local. Pourrions-nous supposer que nos relations commerciales internationales vont être conçues de façon à donner avantage au patriotisme économique ?