A mesure que la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz prévue en avril à Oran se rapproche, l'idée de créer une organisation des pays exportateurs de gaz sur le modèle de l'Opep s'impose comme étant irrémédiable. La question est revenue une énième fois aux devant de la scène grâce à la dernière sortie médiatique du ministre de l'Energie et des Mines, qui a indiqué, mardi, que dans le contexte actuel du marché gazier, les pays producteurs de gaz devraient réduire leur offre. Il a, d'ailleurs, précisé que le thème sera évoqué lors de la prochaine réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), le 19 avril à Oran. "Quels outils peuvent être utilisés ? Que peut-on faire pour ramener à l'équilibre le marché? Le marché est trop liquide à présent, tout ce que nous devons faire est de réduire l'offre sur le marché au comptant", a déclaré M. Khelil, précisant que techniquement il n'était pas difficile de réduire la production. Interrogé sur ce que serait un prix équitable pour le gaz, le ministre algérien a proposé de diviser le prix du baril de pétrole, actuellement autour de 80 dollars, par six, "cela donne 13-14 dollars par MBTU ce qui est équitable. Le gaz est propre, il est très demandé pour la production d'énergie. Cela fait sens." Le MBTU (million d'unités thermales britanniques) égale 27,6 mètres cubes. Celui pour livraison en avril s'échange actuellement autour de 4,40 dollars. Il faut dire que le marché mondial du gaz a été complètement bouleversé suite à l'entrée en ligne d'un trouble-fête nommé Gaz non conventionnel ou gaz de Schiste. La production de ce type de gaz est devenue une proportion très importante de la production totale de gaz américaine qui était sur le déclin. Elle a été la cause d'une forte baisse du prix du gaz dans le pays et a affecté de ce fait la rentabilité des mégaprojets du Golfe persique et de leurs usines de liquéfaction très coûteuses. Aussi, les inquiétudes à propos de la menace que représentent les gaz non conventionnels ne cessent de grandir chez les grands producteurs de gaz naturel. L'Algérie et la Russie affichent certaines appréhensions. C'est dans ce contexte justement que le géant russe Gazprom s'est dit inquiet de perdre des marchés à cause de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. Aussi, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a affirmé, récemment que les contrats d'exportation de gaz naturel à long terme des pays producteurs "sont confrontés à une réelle menace" et que le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) devrait réagir aux mutations du marché gazier mondial. M. Khelil a expliqué que le marché mondial du gaz a connu de grands changements en une courte période, ajoutant qu'actuellement, ''l'offre dépasse la demande et les prix du gaz dans les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d'exportation de gaz à long terme". Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. C'est dans ce sens justement que l'Algérie présentera au forum d'Oran une étude globale sur la situation du marché gazier. Ainsi, le P-DG par intérim de Sonatrach, Abdelhafid Feghouli. Le premier responsable de la Sonatrach a également indiqué qu'il y aura certainement beaucoup de discussions sur une éventuelle création d'une organisation gazière fonctionnant sur le modèle de l'Opep, car elles sont opportunes et extrêmement importantes actuellement", faisant notamment référence à la baisse des prix du GNL. Le marché spot de GNL enregistre depuis 2009 une baisse importante des prix en raison de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, grand consommateur de cette énergie, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. En décembre, le secrétaire général du forum, le Russe Leonid Bokhanovski, avait démenti que l'organisation allait se transformer en cartel sur le modèle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les principaux pays exportateurs de gaz s'étaient dotés, en décembre 2008, d'une organisation officielle, alors que les pays consommateurs redoutent qu'une telle structure n'influe sur les prix. Mais la donne semble changer. Notons que le Fpeg réunit 11 pays membres, dont la Russie, premier producteur mondial de gaz, l'Iran et le Qatar qui à eux trois totalisent environ 60% des réserves mondiales. Trois autres pays ont le statut d'observateurs, dont le Kazakhstan et la Norvège.