Le Premier ministre britannique Gordon Brown a affirmé samedi que les conservateurs ruineraient l'économie s'ils revenaient au pouvoir à la faveur des prochaines élections législatives. Le leader de Tories, David Cameron, lui a rétorqué que la lenteur des travaillistes à combler le déficit public risquait de placer la Grande-Bretagne dans la même situation que la Grèce d'aujourd'hui. Brown, dont le Labour est devancé par le Parti conservateur dans les sondages mais commence à refaire son retard, a souligné que le scrutin, qui pourrait avoir lieu le 6 mai, façonnerait le pays pour plusieurs décennies. "Assurer la reprise économique ou la ruiner, tel est le choix auquel le pays sera confronté dans les semaines qui viennent", a-t-il dit devant des militants travaillistes réunis au "parc de l'innovation" de l'université de Nottingham. Brown a pris cinq engagements s'il est reconduit à la tête du pays: assurer la reprise, réduire le déficit de moitié, protéger les services essentiels, bâtir une économie de haute technologie et créer un million d'emplois qualifiés. A Milton Keynes, dans le centre de l'Angleterre, Cameron a estimé que le plus gros risque pour l'économie serait de tarder à combler le déficit. Les conservateurs veulent aller plus vite que le Labour dans ce domaine. "Regardez ce qui arrive en Grèce: ils ont des dettes énormes, un plus petit déficit budgétaire que nous, mais ils voient leurs taux d'intérêt grimper, ils ont des grèves dans les rues et ils voient leur économie reculer", a-t-il fait observer. "Si nous n'agissons pas rapidement, la même chose pourrait nous arriver à nous." Pour contrer la plus grave récession que le pays ait connu depuis la dernière guerre, Brown a injecté massivement de l'argent public dans l'économie, créant un déficit budgétaire de 167 milliards de livres, soit 12% du PIB. Le Premier ministre a accusé le Parti conservateur de vouloir prendre le risque de casser la reprise en voulant réduire prématurément ce déficit. Il se propose, lui, d'injecter 2,5 milliards de livres supplémentaires pour accompagner la croissance, d'accroître les impôts des couches les plus aisées et d'emprunter à moindre coût qu'il n'était prévu il y a encore trois mois. Coupant court à certaines spéculations, Brown confie, dans l'édition de samedi du Guardian, qu'il confirmera Alistair Darling comme chancelier de l'Echiquier s'il remporte les élections, dont la date exacte devrait être connue d'ici dix jours. Notons que les Britanniques font davantage confiance aux travaillistes qu'aux conservateurs sur la gestion de l'économie, selon un sondage ComRes publié vendredi qui montre un retournement de tendance en la matière. Trente-trois pour cent des personnes interrogées dans cette enquête réalisée après la présentation du budget par le ministre des Finances, Alistair Darling, disent accorder le plus de crédit au Premier ministre, Gordon Brown, et à son ministre pour la politique économique. Le dirigeant conservateur David Cameron et son porte-parole pour l'économie, George Osborne, ont les faveurs de 27% des sondés. Treize pour cent privilégient les libéraux-démocrates. Cette question avait été posée la dernière fois le 10 décembre, et les Tories avaient alors la préférence de 33% des Britanniques, contre 26% au Labour. Ancien chancelier de l'Echiquier de Tony Blair durant dix ans, Gordon Brown jouissait d'une solide réputation dans ce domaine mais il a pâti de la crise financière de 2008.