L'offre des conservateurs doit réunir l'approbation des trois quarts de chacun des deux corps, une proportion qui pourrait être difficile à réunir, soulignent des politologues. Les Lib Dems se réunissaient hier pour analyser l'offre de partage du pouvoir présentée par les conservateurs afin de dénouer la crise institutionnelle provoquée par les législatives britanniques de jeudi, qui ont abouti à un Parlement à dominante Tory, mais sans majorité absolue. Les députés libéraux-démocrates se retrouvaient à deux reprises hier à Londres, dont une en début de soirée, pour discuter de l'offre des tories. L'offre des conservateurs doit réunir l'approbation des trois quarts de chacune des deux composante du parti, une proportion qui pourrait être difficile à réunir, soulignent des politologues. Simon Hughes, un des négociateurs pour les Lib Dems, a cependant averti qu'il ne fallait pas attendre un accord formel ce samedi (hier). «Il n'y aura pas d'accord sur la table car les négociations ne font que commencer... Les discussions vont se poursuivre tout au long du week-end», a-t-il déclaré sur la BBC. Les discussions «vont se poursuivre dans les heures et les jours qui viennent», a indiqué le chef de file des Lib Dems, Nick Clegg, en se rendant à une réunion préliminaire, hier matin, avec des responsables de son parti. Le chef des conservateurs David Cameron a proposé vendredi aux Lib Dems «une offre large, ouverte et globale» en vue de la formation d'un «gouvernement solide». Les conservateurs ont été contraints à faire cette offre après n'avoir pas réussi à dégager une majorité absolue, à l'issue des législatives de jeudi. Ils ont remporté 306 députés, devant les 258 du parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown, mais à 20 sièges de la majorité absolue. Les Lib Dems sont arrivés en troisième position avec 57 sièges, ce qui les a transformés en «faiseurs de roi». Les négociations ont été lancées dans les heures ayant suivi la présentation de l'offre par David Cameron. Ce dernier s'est entretenu vendredi soir au téléphone avec Nick Clegg, puis une réunion a suivi entre de hauts responsables des deux formations. David Cameron avait souligné vendredi l'urgence des discussions, prédisant une «catastrophe économique» si des mesures n'étaient pas mises en place rapidement pour réduire un déficit budgétaire astronomique (près de 12% du Produit intérieur brut). «Nous ne pouvons pas nous permettre un autre jour comme celui que nous avons connu vendredi sur les marchés», a souligné Liam Fox, porte-parole conservateur pour la défense. La livre avait sévèrement chuté vendredi et la Bourse de Londres avait connu une séance extrêmement volatile. «Nous allons agir dans l'urgence mais nous n'allons pas non plus trahir nos principes», a cependant averti le libéral Simon Hughes, reconnaissant que les Tories n'étaient pas les alliés naturels des Lib Dems: «Nous sommes un parti progressiste de centre-gauche», a-t-il rappelé. Nick Clegg a répété hier matin les «quatre grandes priorités» de son parti: réforme du système fiscal, de l'éducation, de l'économie et du système politique. Restant en embuscade, Gordon Brown, qui a le droit de se maintenir au pouvoir tant qu'il n'est pas certain qu'il n'est plus en position de gouverner, s'est dit disposé vendredi à discuter avec les Lib Dems si les pourparlers capotaient avec les conservateurs. L'offre des travaillistes pourrait être plus alléchante pour les Lib Dems, Gordon Brown leur ayant promis un référendum sur la réforme du système électoral qu'ils exigent. Les Tories ont, quant à eux, seulement accepté de lancer la réflexion sur le sujet. Un accord peut attendre jusqu'au 25 mai: c'est à cette date limite que la reine doit présenter le programme du nouveau gouvernement et qu'un vote de confiance a traditionnellement lieu.