Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, estime qu'il faudra compter environ 18 mois entre la reprise économique mondiale et la relance du marché de l'emploi. "Entre la reprise et l'amélioration du marché de l'emploi, il se passera du temps", a-t-il déclaré sur Canal+, évoquant une période "de l'ordre de 18 mois". "Il est probable que la croissance de demain ne se fera pas avec les mêmes emplois que la croissance d'hier et ces ajustements prennent du temps", a-t-il souligné. En matière de relance, Pascal Lamy a dit noter "des différences importantes selon les continents". "Evidemment ça va plus vite et plus fort en Asie qu'aux Etats-Unis, et ça va probablement plus vite et plus fort aux Etats-Unis qu'en Europe", a-t-il résumé. Aux yeux du directeur général de l'OMC, l'Europe "a de gros efforts à faire en matière d'innovation, d'éducation de formation". "L'avenir de l'Europe dans la division internationale du travail, c'est la qualité, c'est la valeur ajoutée, la technologie, ce sont des choses qui impliquent un substrat de compétence de qualification, qui à mon avis est encore un peu problématique", a-t-il estimé. Par ailleurs, Pascal Lamy, a indiqué que l'OMC n'avait aucune compétence juridique pour trancher la question d'un éventuel protectionnisme des Etats-Unis dans le dossier des ravitailleurs américains. "En l'occurrence, il s'agit de matériels militaires et les règles du commerce international ne s'appliquent pas", a-t-il déclaré sur Canal+. Les Etats-Unis ont lancé un appel d'offres pour la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'armée américaine, un contrat évalué à 35 milliards de dollars. Celui-ci avait été attribué une première fois au constructeur américain Boeing en 2003, puis une deuxième fois à l'européen EADS, maison mère d'Airbus, et son allié américain Northrop Grumman en 2008, et à chaque fois annulé. Airbus avait décidé, mi-mars, de renoncer à participer à l'appel d'offres après le retrait de son partenaire Northrop, au motif que la compétition était biaisée en faveur de Boeing. Les capitales européennes ont alors dénoncé les "tentations protectionnistes" américaines. Puis, le Pentagone s'est dit prêt le 31 mars à retarder de 60 jours la date de clôture de l'appel d'offres si EADS annonçait formellement son intention de présenter une offre. Le groupe européen n'a pas encore fait savoir s'il allait répondre. Les deux groupes font par ailleurs tous les deux l'objet d'un contentieux croisé à l'OMC sur des questions de subventions publiques concernant le financement de leurs avions civils.