Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a déclaré, hier, que la reprise économique mondiale se déroulait à un rythme modéré et que les risques liés aux marchés de la dette souveraine et d'autres incertitudes restaient élevés. "Nous sommes encouragés par la reprise mondiale, mais son rythme est modeste", a indiqué R. Zoellick, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Il a cité comme principales menaces pour la reprise, le problème de la réévaluation du crédit souverain et les incertitudes quant à l'impact potentiel sur la croissance mondiale du retrait des mesures de relance mises en place durant la crise. R. Zoellink a, par ailleurs, souligné la complexité d'une gestion mondiale de l'économie du fait d'une reprise à plusieurs vitesses, avec des perspectives plus favorables dans le monde en développement. La Banque mondiale table désormais sur une croissance de 6% en 2010 et de 5,9% en 2011 dans les pays en développement, contre de précédentes estimations de 5,2% et 5,8% respectivement. Elle mise, par ailleurs, pour les pays à haut revenu sur une expansion de 2,2% en 2010 et de 2,4% en 2011, contre des progressions de 1,8% et 2,3% escomptées en janvier. Notons qu' un responsable français a estimé, hier, que la reprise économique risque d'accentuer les grands déséquilibres mondiaux et les pays du G20 pourraient avoir à réviser leurs stratégies pour résoudre ce problème. "Nous ne voulons pas générer de nouveaux déséquilibres", a-t-il déclaré, sous condition de l'anonymat. "Aujourd'hui, la reprise telle qu'elle prend forme risque d'ajouter aux déséquilibres. Les pays qui étaient en excédent restent en excédent et les pays qui avaient des taux d'épargne faibles ont toujours des taux d'épargne faibles", a-t-il ajouté. "Nous allons étudier les stratégies nationales (...) et aurons peut-être à discuter de stratégies alternatives", a poursuivi ce responsable. Les ministres des Finances du G20 doivent se réunir cette semaine à Washington, mais les discussions sur de nouveaux moyens de réduire le problème de ces déséquilibres devraient avoir lieu à un sommet prévu en novembre prochain, a précisé ce responsable. La réunion du G20 sera suivie des réunions annuelles de printemps du Fonds monétaire international, samedi et dimanche. Les ministres des Finances du G7 doivent, quant à eux, se réunir jeudi soir. Lors d'un sommet à Pittsburgh, en septembre 2009, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays du G20 étaient convenus de mieux coordonner leurs politiques économiques nationales pour empêcher la formation de futurs déséquilibres au sein d'un Cadre pour une croissance durable. Dans le cadre de cette initiative, les pays du G20 ont soumis des informations concernant leurs modèles de croissance respectifs au FMI, qui doit évaluer leur impact sur l'économie mondiale. "Nous ferons le point sur les stratégies nationales" lors de la réunion du G20 à Washington, a déclaré le responsable français. L'objectif est que le G20 puisse examiner des scénarios de croissance alternatifs visant à favoriser une économie mondiale plus équilibrée, lorsque les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 se réuniront en Corée en novembre, a-t-il ajouté. Les ministres des Finances du G20 examineront également le projet d'une taxe bancaire mondiale destinée à couvrir le coût d'éventuelles nouvelles crises financières a, par ailleurs, expliqué ce responsable. Le FMI doit soumettre au G20 un rapport passant en revue toutes les options possibles, de manière à préparer le terrain pour une prise de décision sur cette question lors de la réunion du G20 à Toronto, en juin. Le niveau d'une taxe bancaire mondiale, son champ - c'est-à-dire le fait qu'elle concernera uniquement les banques ou bien l'ensemble des institutions financières - et son assiette feront l'objet de discussions à Washington, vendredi.