Augmentation à venir du chômage ou retour à bonne fortune des banques et croissance des grands pays émergents? «Le pire de la crise en matière sociale est toujours à venir, ce qui veut dire que le pire de la crise en matière politique est toujours à venir», a averti Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à partir de Genève. «Le pire de la récession semble passé, mais la reprise n'est pas garantie», a rétorqué le Fonds monétaire international(FMI), quelques jours plus tard. Qui croire de ces deux déclarations contradictoires et concomitantes? Chacun des intervenants axe son intervention sur un point bien précis. Les pessimistes évoquent l'augmentation à venir du chômage et le cumul des déficits publics. Des sociétés, fleurons de l'industrie dans différents domaines, sont en faillite et ont décidé de licencier plusieurs centaines de salariés. D'autres, optimistes, insistent sur le retour à bonne fortune des banques et la croissance des grands pays émergents. Si les pays en développement ne sont pas responsables de cette crise financière qui secoue actuellement le monde, ils en subissent les conséquences, au risque de freiner leur développement. Ce constat est celui du rapport de suivi mondial 2009. Encore que 2009 serait l'année de toutes les incertitudes, du moins, si l'on en croit les économistes et autres experts de la finance mondiale. Stabilité et régulation financières, échanges commerciaux ont constitué, entre autres, le centre de ces divergences. En raison du tarissement attendu des échanges commerciaux, l'aide au commerce «est devenue aujourd'hui essentielle», a souligné M.Lamy, qui a également prôné une relance «la plus rapide possible» du cycle de Doha. Par ailleurs, il convient de signaler que les répercussions de la crise serviront également de test de résistance à l'OMC en tant qu'institution capable de contenir le protectionnisme. «Si vous voulez vraiment maintenir les échanges commerciaux ouverts, vous devez comprendre (...) que le meilleur moyen est de continuer à ouvrir les échanges commerciaux.» Dans son intervention, le directeur général de l'OMC avertit: «L'impact du ralentissement des échanges commerciaux sera plus dur pour les pays en développement.» S'agissant de ces pays, il ajoute: «L'organisation s'attend ainsi à ce que les flux commerciaux se contractent cette année de 7%, contre les 2 à 3% initialement prévus.» Dans la même optique, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, avait prévenu que les mesures protectionnistes mises en place par certains gouvernements risquent de «déraper». Les Etats ayant entrepris de telles mesures, a-t-il précisé, «jouent avec le feu». Le FMI, quant à lui, a relevé, dans son rapport actualisé sur «la stabilité financière dans le monde», une diminution des tensions «par rapport aux niveaux extrêmes», relevés en mois d'avril. Malgré cela, «les récentes améliorations dans le domaine financier présentent un risque...», a averti le Fonds. Et à cette institution de souligner que «la vigilance reste de mise». Allusion à la forte reprise des Bourses mondiales depuis mars, le FMI a relevé que «les marchés pourraient connaître un sérieux revers s'ils devançaient par trop le rythme de la reprise économique».