L'Iran a accepté d'accorder à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des droits de surveillance et d'inspection accrus sur un site sensible où est enrichi de l'uranium à un haut niveau, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques. Ce geste, qui a été indirectement confirmé par un haut émissaire iranien, coïncide avec le lancement par Téhéran d'une offensive diplomatique pour empêcher l'adoption de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies qui lui a demandé de geler ses activités nucléaires sensibles. L'Iran a commencé à enrichir de l'uranium à 20% il y a deux mois pour fabriquer, selon Téhéran, des barres de combustible pour ses réacteurs nucléaires destinés à la recherche médicale. L'AIEA a tenté en vain d'obtenir un plus grand accès aux opérations d'enrichissement. L'AIEA a également réclamé de pouvoir effectuer des visites plus régulières, ont précisé des diplomates qui ont requis l'anonymat. Selon ces sources, l'Iran a accepté en principe il y a dix jours d'accorder à l'AIEA la plus grande supervision qu'elle réclame, mais l'accès et la surveillance accrus restent à mettre en place. "Ils n'ont pas accepté l'ensemble des mesures réclamées par l'agence mais suffisamment pour contenter l'agence", a déclaré l'un des diplomates. Ali Asghar Soltanieh, l'émissaire iranien à l'AIEA, a indirectement confirmé l'accord, disant que les deux parties avaient eu des "discussions constructives" sur le sujet. Cette concession iranienne intervient à la veille d'une visite du ministre des Affaires étrangères iranien en Autriche, première étape d'une campagne internationale destinée à contrer l'initiative américaine en faveur de nouvelles sanctions. Manouchehr Mottaki doit rencontrer dimanche son homologue autrichien Michael Spindelegger, a annoncé ce dernier. L'Autriche est un membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU qui prépare actuellement une quatrième série de sanctions contre le programme nucléaire controversé de Téhéran. Avant son départ, M. Mottaki a déclaré que l'Iran souhaitait discuter avec tous les membres du Conseil de sécurité, à l'exception des Etats-Unis, sur une offre pour faire enrichir à l'étranger de l'uranium iranien qui avait été proposée l'an dernier par l'AIEA. Les délégations iraniennes tenteront de parvenir à un accord sur cette proposition lors de visites en Chine et en Russie notamment, ainsi que chez les membres non-permanents comme l'Ouganda où le président iranien Mahmoud Ahmanedijad doit arriver vendredi. Notons par ailleurs que le vice-président américain, Joe Biden a déclaré jeudi que les Nations unies annonceront bientôt de nouvelles sanctions contre l'Iran pour son programme nucléaire. "Chacun, du Premier ministre israélien au président de la Russie, en passant par le Premier ministre britannique, chacun reconnaît que la prochaine mesure que nous devons prendre consiste en la voie de sanction de l'ONU", a déclaré M. Biden. "Je suis persuadé que vous verrez un régime de sanction sortir avant la fin de ce mois, ou le début du mois prochain", a-t-il ajouté, lors d'un entretien accordé au programme "The View" de la chaîne de télévision américaine ABC. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux accusent l'Iran de chercher à se doter d'armes nucléaires sous le couvert d'un programme civil, ce que Téhéran a démenti en insistant sur la nature pacifique de son programme nucléaire.