La France vient d'enlever son bonnet de mauvais élève européen. Depuis 2002, le déficit budgétaire de l'Etat était supérieur au plafond de 3 % exigé par Bruxelles. A plusieurs reprises, cela nous avait d'ailleurs valu de sévères remontrances de la Commission. Mais ces coups de règle sur les doigts sont désormais un mauvais souvenir. La France a réduit son déficit public en 2006 à 2,5 % du produit intérieur brut, contre 2,6 % prévus par le gouvernement. Le déficit public a été réduit de 0,5 point en un an, après 3 % du PIB en 2005, indique l'Insee dans ses premiers résultats sur les comptes nationaux des administrations publiques, qui correspondent aux chiffres notifiés à la Commission européenne. Pouvoir d'achat Voilà un chiffre qui risque de faire parler de lui. Quoi ? Le pouvoir d'achat des Français augmente fortement (+ 2,8 % cette année, contre 1,3 % l'année dernière) ? Comme le chômage, le calcul du pouvoir d'achat des ménages français par l'Insee est sujet à caution. Car qui dit pouvoir d'achat dit hausse des salaires déflatée du calcul de l'inflation. Et c'est là que cela se corse. D'abord, l'inflation, selon l'Insee, ne prend pas en compte la hausse des remboursements liés à l'immobilier, par exemple. Ensuite, ce n'est qu'une moyenne qui ne reflète pas les habitudes de consommation de chacun. D'où des perceptions très différentes d'un ménage à l'autre... Commerce extérieur Voilà une des grosses faiblesses du bilan du gouvernement en matière économique. Alors que les années Jospin nous avaient habitués à vivre avec un excédent commercial confortable, voilà que la contribution à la croissance de nos échanges avec le reste de la planète est aujourd'hui négative. Pour sa défense, le gouvernement explique que jamais les exportations françaises n'avaient atteint un tel niveau. C'est vrai. Mais, en parallèle, les importations augmentent plus vite. Ce qui est inquiétant, c'est que nos exportations augmentent beaucoup moins vite que le rythme du commerce mondial. Donc l'économie française perd du terrain par rapport à ses concurrents. La faute à l'euro fort ? Pas seulement. Car, dans le même temps, l'Allemagne, notre voisine et première partenaire commerciale, affiche, elle, un excédent commercial record. Voilà un mystère. Pourquoi les Français, que l'on dit déprimés à longueur d'études, sont-ils toujours de joyeux consommateurs ? La consommation reste en tout cas le seul moteur de l'économie française qui résiste aux aléas. Et cela depuis plusieurs années. Sans que le changement gauche droite n'y change beaucoup de choses. La France consomme. Et ce malgré les crises internationales, une mondialisation anxiogène, l'euro fort et des salaires qui peinent à augmenter... Et si c'était l'inverse ? Et si le Français moyen allait faire du shopping pour justement oublier la mondialisation, l'euro et les salaires qui se traînent ? Alors tout serait clair. C'est mieux, mais pas encore folichon. Tel pourrait être le diagnostic sur l'état de la croissance économique. Après 2 % en 2004, 1,2 % en 2005 et 2,1 % en 2006, l'économie hexagonale reste à la remorque du reste de la planète, dont plusieurs zones surfent sur des rythmes de croissance largement supérieurs aux 3 %. Et sans même évoquer les 10 % de croissance de la Chine... C'est le drame de la France. "Si on n'est pas capable d'enchaîner plusieurs années de suite un taux de croissance supérieur à 2,5 % , on ne sera jamais capable d'atteindre l'objectif de plein emploi", déclarait vendredi l'économiste Eric Heyer, de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Et c'est ce qui inquiète le Medef, pour qui, paradoxalement, la croissance française est "largement absente" des débats de la campagne.